Par Augustin Fragnière
Vol 1 (1) – octobre 2017 – « Les transitions écologiques »
RÉSUMÉ
Écologie et liberté individuelle sont-elles deux valeurs contradictoires, comme certains auteurs aiment à l’affirmer, ou sont-elles au contraire compatibles, voire complémentaires ? L’article explore cette question en utilisant les méthodes de la philosophie politique contemporaine, et en confrontant trois conceptions différentes de la liberté individuelle à la notion de limite écologique. Il conclut que si certaines conceptions de la liberté semblent en effet peu compatibles avec la transition vers une société à faible empreinte écologique, l’idéal néo-républicain d’une liberté comme absence de domination est beaucoup plus prometteur. Le néo-républicanisme nous permet de penser une réduction des flux de matière et d’énergie compatible avec la liberté des citoyens, du moins telle qu’elle est comprise dans cette tradition de pensée.
Mots clés : Philosophie politique, Liberté, Limites écologiques, Néo-républicanisme, Politiques environnementales.
ABSTRACT
Title: Ecological transition and liberty
Are ecology and liberty conflicting values? Or are they, on the contrary, compatible and even complementary? This article aims to tackle this question, using the methods of contemporary political philosophy, by confronting three different conceptions of individual liberty with the notion of ecological limit. It concludes that some conceptions of liberty fit indeed poorly with a transition towards a low ecological footprint society, but that the neo-republican ideal of liberty as non-domination fares much better than the others. Neo-republicanism enables us to see the reduction of material and energy flows as compatible with individual liberty, at least as it is understood in this tradition of thought.
Keywords: Political philosophy, Liberty, Ecological limits, Neo-republicanism, Environmental policy.
PLAN
- Le problème de la liberté d’option
- Liberté comme non-limitation
- Liberté comme non-interférence
- La liberté d’agent comme alternative ?
- Liberté comme non-domination
- Conclusion
***
INTRODUCTION[1]
La question de la liberté est débattue par les philosophes depuis plus de deux millénaires, principalement dans le cadre de réflexions sur les principes devant fonder le rapport des citoyens à leur gouvernement. Alors que d’aucuns pourraient croire que tout a été dit sur le sujet, la question est au contraire plus d’actualité que jamais. En effet, la prise de conscience, depuis quelques décennies, des limites imposées à l’action humaine par la biosphère nous oblige à repenser la question à nouveau frais. La nature ne peut plus être pensée aujourd’hui comme un simple décor devant lequel les humains évoluent de manière autonome, mais doit être comprise comme un espace de vie fragile et clôt aux ressources finies (Serres, 1992). Le bon fonctionnement de la biosphère, ce par quoi j’entends ici le cadre de stabilité que celle-ci a connu durant la période Holocène, constitue une condition primordiale de l’épanouissement humain sur Terre et de la prospérité de nos civilisations. L’hypothèse de départ de la présente contribution, qui ne sera pas justifiée ici de manière étendue, est donc que le cadre écologique dans lequel évoluent les sociétés humaines présente des limites qui doivent être intégrées aux réflexions sur nos valeurs et nos institutions, au nombre desquelles figure le concept de liberté.
…
Pour consulter cet article : https://www.cairn.info/revue-la-pensee-ecologique-2017-1-p-c.htm
Pour citer cet article: Fragnière Augustin. 2017. « La transition écologique et liberté ». lapenseeecologique.com. 1 (1). URL : https://lapenseeecologique.com/transition-ecologique-et-liberte/