Spiritualité et transition : comment sortir du dualisme en réconciliant l’homme avec le vivant

« Quelle
place pour la spiritualité dans la transition ? ». C’était le thème
d’une table ronde organisée mardi 22 septembre 2020 par Alternatiba Léman,
mouvement citoyen pour l’urgence climatique qui promeut des initiatives visant
à construire une société durable. Participaient à ce débat Sophie Swaton,
professeur, économiste et présidente de la fondation Zoein, Noémie Cheval, anthropologue,
formatrice et coordinatrice du Réseau Transition Suisse romande et Michel
Maxime Egger, sociologue et écothéologien, responsable du Laboratoire de
transition intérieure à Action de Carême et Pain pour le prochain.
La conférence
s’est achevée par l’exercice de la « phrase
ouverte », une pratique de la transition
intérieure suggérée par Noémie Cheval qui a invité participantes et
participants à exprimer rapidement leurs ressentis intérieurs sur l’état du monde.
Synthèse d’une
rencontre publique où les analyses théoriques ont côtoyé des expériences de
vie, dans une alliance du cœur et de la raison.
Par Philippe Le
Bé
Quel sens
donnez-vous au mot spiritualité ?
Michel Maxime
Egger – A partir de mon vécu et de ce que nous
expérimentons au sein du Laboratoire de transition intérieure, j’observe que si
la spiritualité est partie intégrante de l’intériorité, toute la vie intérieure
ne relève pas de la spiritualité. Le mot spiritualité vient du latin spiritus
qui veut dire esprit et que j’entends avec un E majuscule. Il s’agit donc d’une
vie ouverte et reliée à ce qui est plus grand que soi, à ce qui nous dépasse,
un « Tout Autre ». Lequel est immanent, au plus profond de notre être
et de la nature, et en même temps transcendant. Ce « Tout Autre » est
un mystère sacré, ineffable. Les traditions mystiques lui ont donné toutes
sortes de noms : le divin, l’Un, l’Infini, le Souffle, la Présence, etc.
Cette expérience du sacré est source de sens et aussi d’engagement. Les grandes
figures telles que Gandhi, Václav Havel, Nelson Mandela, Jean Jaurès ou Pierre
Rabhi de nos jours fondent leur engagement sur cette dimension.
Par ailleurs, il convient de ne pas confondre spiritualités et religions. Les spiritualités étant, selon les cas, en-deçà ou au-delà des religions. Ces dernières sont des systèmes qui ont tenté de donner forme à des expériences spirituelles à travers des doctrines, des dogmes, des symboles ou des rites. Comme des fleuves alimentés par les sources que sont les spiritualités, les religions nous permettent d’avoir accès à ces dernières. A condition bien sûr de ne pas être vécues de manière fermée et dogmatique. Dans ce cas, elles deviennent un obstacle à toute quête spirituelle authentique. En résumé, sur le chemin de la transition, les spiritualités sont nécessairement laïques. Reliance à soi, aux autres et à la Terre, elles nous invitent à faire l’expérience de ces trois vertiges que le psychothérapeute Christophe André nomme l’Infini, l’Éternité et l’Absolu.

Noémie Cheval – La
spiritualité, en ce qui me concerne, est à mettre en relation avec différents
chocs vécus dans ma vie privée. L’un d’entre eux fut un épuisement de
militance. Je ne savais plus vraiment pourquoi j’étais mobilisée pour les
autres, pourquoi je me mettais au service de la transition écologique et
solidaire. En participant à une formation de Transition intérieure organisée
par le Réseau Transition, j’ai pu me mettre en relation autrement avec l’autre,
avec le vivant. J’ai alors réalisé que j’étais moi-même partie intégrante de la
nature, qui plus est de la nature qui se défend. J’ai senti une nouvelle force
mobilisatrice en moi. Aujourd’hui, cela me nourrit et m’aide à être plus résiliente
et à réfléchir au sens d’une spiritualité solidaire.
Sophie Swaton – Le mot
spiritualité fait peur. Poser la question « quelle spiritualité pour la
transition ?» peut engendrer de l’inquiétude, voire des grincements de
dents dans certains milieux que je côtoie, aussi bien en France qu’en Suisse.
Comme l’a souligné justement Michel Maxime Egger, la spiritualité n’est ni la
religion ni son exclusion. A mes yeux, elle revêt une double dimension, d’intériorité
et d’extériorité.
Concernant la
dimension d’intériorité, je m’inspire de la célèbre pyramide de Maslow dont les
travaux permettent de classer les besoins humains par ordre d’importance. Je retiens
principalement trois niveaux : matériel, mental et spirituel.
Le niveau matériel
concerne les besoins physiologiques et de sécurité, le niveau mental a trait
aux échanges avec les autres. Il répond à nos besoins d’appartenance et
d’estime. Quant au niveau spirituel, qui nous échappe en partie, il revêt une
dimension philosophique et anthropologique. Il nous interroge : quel sens
donner à ma vie, qui suis-je, où vais-je, dans quelle direction ? Cette recherche spirituelle a aussi besoin
d’être nourrie. Or, nos sociétés occidentales sont en manque profond de
nourriture spirituelle.
L’autre dimension de
la spiritualité est une référence à un autre que soi, à une extériorité qui
n’est pas seulement l’être humain mais aussi le vivant dans son ensemble qui inclut
les mondes animal, végétal et minéral. Cette double dimension, verticale avec
l’intériorité et horizontale avec l’extériorité, constitue l’essence même de la
condition humaine.

Est-il possible
d’imaginer une transition écologique et solidaire pérenne sans
spiritualité ?
Michel Maxime Egger – Personnellement,
je ne peux pas imaginerune telle transition écologique et solidaire
sans spiritualité n’est pas possible, Celle-ci est une démarche de conscience
qui nous amène à la racine des problèmes, à revenir à l’essentiel. Certains freins
et obstacles à la transition sont assurément d’ordre spirituel. Quand nous
parlons de spiritualité, nous sommes toujours dans des démarches d’unification
intérieure. Une des difficultés pour réaliser une transition est le hiatus qui
peut exister entre la tête et le cœur, le mental et les émotions. Cette
division, cette dualité explique en partie le fait qu’il y a un tel décalage
entre la gravité de la situation planétaire et l’absence de changement dans nos
comportements. L’être humain est divisé intérieurement entre sa tête et son
cœur.
Par ailleurs, même
dans les milieux qui s’engagent pour la transition, j’observe une compréhension
limitée de ce qu’elle est réellement ou devrait être. La transition intérieure n’est
pas une autre version du développement durable mais bien un changement de
paradigme, profond et radical. Il s’agit d’une révolution culturelle
courageuse, comme le souligne le pape François dans son encyclique Laudato si’.
Dès lors, si tout ce
que nous mettons en place avec des lois, des technologies, des éco-gestes est
nécessaire pour assurer une transition, c’est insuffisant. Cela reste figé sur
un plan très horizontal, celui du faire, et ne répond pas aux racines de la
crise écologique, de la destruction de la planète, qui sont de l’ordre de
l’être et demandent des réponses aussi dans la verticalité.
Ces racines ont à voir
avec notre regard sur le monde. Nombre d’initiatives de transition, de manière
inconsciente, ne remettent pas fondamentalement en question une vision de la
nature privée d’âme et réduite à sa dimension matérielle de stock de
ressources. Notre système économique repose entièrement sur une vision du monde
désenchantée et anthropocentrique qui place l’être humain en dehors et
au-dessus de la nature vivante.
Cette relation à la
nature est-elle une condition sine qua non à la pérennité de la transition ?
Noémie Cheval – Sans doute.
Mais beaucoup de personnes dans le monde au sein de villes ou de mégapoles
n’ont pas accès à ce que l’on nomme « la nature », le vivant
extérieur, ou n’en ont pas le privilège. Cependant, je crois qu’il est possible
de pratiquer partout des exercices de reliance à la nature vivante, comme ceux
initiés par Joanna Macy, une fondatrice de l’Éco-philosophie et de l’Éco-psychologie.
Quand, au cours d’un atelier de Travail qui
Relie nous avons l’occasion d’exprimer notre gratitude pour la vie qui nous est
offerte, de reconnaître la peine que nous avons à assister à la destruction du
vivant, à réaliser que nous ne sommes finalement qu’une espèce parmi des
milliers d’autres, alors notre engagement et notre désir pour une transition et
un changement de cap devient réel et radicalement renouvelé.
La peur serait-elle le
principal frein à la transition ?
Sophie Swaton – A la lecture
des rapports scientifiques régulièrement publiés, et sans même avoir besoin
d’étudier la collapsologie qui évalue les risques d’un effondrement de la
civilisation industrielle, il y a de quoi avoir peur. Certes, cette peur peut
être un moteur pour avancer, mais à condition de la transcender. La prise en
compte des émotions est fondamentale dans la transition. Cependant, la peur
peut aussi engendrer un déni de réalité. C’est peut-être une peur secrète qui
pousse un personnage comme Donald Trump à tenir un discours récurrent de déni !
Ce que je redoute le plus, c’est un appel à la
violence révolutionnaire, qui ne serait pas une révolution intérieure, mais un
appel à fédérer des mouvements violents. Nous devons sérieusement prendre en
compte la capacité de violence dont les êtres humains sont capables. N’éludons
pas le côté sombre de notre personnalité et trouvons un moyen de canaliser en
nous cette violence, notamment par d’autres formes d’expression. En disant
cela, je pense à René Girard et à son ouvrage La violence et le sacré.
L’anthropologue, historien et philosophe écrit que la violence qui naît du
désir mimétique efface les différences et détruit les hiérarchies. Elle est
contagieuse et interminable. Je pense aussi à l’ingénieur et philosophe Jean-Pierre
Dupuy qui s’est notamment penché sur les risques d’effondrements
environnementaux et sociétaux dans son ouvrage Pour un catastrophisme
éclairé : quand l’impossible est certain.
Nous ne sommes plus des peuples premiers pour qui la mort, avec ses rituels, ses rites de passage, fait partie du quotidien, et pour qui tout individu est intégré dans un écosystème en référence à une cosmogonie. Si la réponse à nos désirs les plus profonds – donner un sens à notre vie – est de nous offrir toujours plus de consommation, toujours plus de matérialité, avec une grille de lecture socio-économique qui n’inclut pas les dimensions de transition intérieure, nous ne sortirons pas de l’impasse. Avec une violence toujours plus attisée. Cela dit, il ne s’agit pas de retourner à l’âge des cavernes, comme cela est souvent reproché aux partisans de la décroissance. Quel serait le niveau de confort acceptable dans les éco-quartiers ou les éco-villages, qui sans être un retour en arrière ne s’égarerait pas dans le superflu pour rester dans les limites planétaires ? Voilà la bonne question à se poser.
Quels sont les outils
pour juguler cette violence intérieure ?
Michel Maxime Egger – Nous vivons
dans un système économique extrêmement violent envers la Terre et les
humains. Cette violence est souvent
connectée à ce que l’on appelle l’éco-anxiété : la peur dont a parlé
Sophie, la colère, la tristesse qui peut conduire à des formes de dépression, la
colère et l’impuissance qui peuvent aussi nourrir la violence. Alors que tout
se dégrade, rien ou presque ne semble devoir arrêter cette détérioration.
Heureusement, il existe des outils du Laboratoire pour y faire face. Noémie a
mentionné Le Travail qui relie, un des outils importants du Laboratoire
de transition intérieure. Il permet de créer un espace pour visiter ses
émotions. C’est grâce au Travail qui relie que j’ai pu me connecter à
ces émotions. Il y a une dizaine d’années, j’étais certes dans une grande
lucidité intellectuelle par rapport à l’état de notre planète. Mais j’avais des
mécanismes de défense et de refoulement inconscients ; les émotions restaient
bloquées sans venir réellement toucher et brûler mon cœur. J’ai eu la chance de
pouvoir vivre une expérience avec d’autres personnes au sein d’un atelier.
Lequel était en lui-même un outil pour travailler et composter ses émotions.
Pouvoir mettre des mots sur ses maux, accueillir ses émotions sans jugement,
les exprimer, les partager pour en transformer l’énergie, pour les
transfigurer, voilà ce que permet Le Travail qui relie. J’ai ainsi découvert
que derrière la tristesse se cache l’amour de la Terre. Si je pleure à son
sujet, c’est bien que je l’aime ! Finalement, chacune de mes émotions ont
un envers. Et cet envers, que sont notamment l’amour, le courage, la confiance
et la joie est un puissant moteur intérieur pour l’action et l’engagement.
Pouvons-nous guérir de
ces peurs ?
Noémie Cheval – Nous pouvons en tous cas libérer de l’énergie positive au service du vivant. Je l’observe fréquemment : des personnes venant participer à nos formations avec un gros sac à dos d’émotions inconfortables en repartent debout et prêtes à aller de l’avant pour une société qui soutienne la vie. Mais tout n’est évidemment pas réglé dans un hypothétique grand soir. C’est un processus de longue haleine. Au sein de mouvements en faveur de la transition, il y a souvent un essoufflement pouvant conduire au burnout, ou une tendance à s’épuiser voire à s’exploiter les uns les autres. Grâce à différentes méthodes pratiquées dans des espaces de transition intérieure, nous pouvons nous interroger sur la reproduction des ombres d’un système que nous critiquons. Avec l’aide de pratiques collectives faisant intervenir notamment la musique, le soin du corps, la respiration, les rituels, en nous inspirant des traditions anciennes, nous pouvons renforcer notre engagement au service du vivant.

Michel Maxime Egger – Je ne suis
pas sûr qu’il faille guérir. Les émotions font partie de ce qui est vivant en
nous. Si nous éprouvons de la tristesse, c’est que nous sommes sensibles et
touchés par ce qui arrive à la Terre. Plutôt que d’en guérir, un chemin de
transformation nous est proposé. Un chemin de « douloureuse joie »
comme le nomme la tradition orthodoxe.
Selon vous, l’être
humain évolue-t-il vers plus de spiritualité ?
Sophie Swaton – Tous les êtres humains ne sont pas logés à la même enseigne quant à leur évolution. Regardez les peuples premiers comme les Kogis en Colombie, les Suruis au Brésil ou les Bataks de Sumatra en Indonésie. Depuis des millénaires, ils ont conservé dans leur mode de vie et leur culture une reliance avec la nature. Les petits frères et les petites sœurs que nous sommes à leurs yeux ont choisi une autre voie, celle de la technologie, et ils en ont gravement abusé. Aujourd’hui, les peuples premiers sont tributaires de nos actes qui pèsent sur leur existence. En Amazonie, par exemple, la déforestation détruit leur habitat et leur écosystème. Comment dès lors continuer à évoluer ensemble, nous qui sommes comme eux embarqués sur un même navire planétaire à la dérive ? Comme il serait vain de chercher à imiter les peuples premiers, notamment dans des savoir-faire ancestraux dont certains ont hélas disparu, nous devons penser à un nouveau paradigme de civilisation, en référence avec nos propres racines. Encore faut-il que nous apprenions à nous réconcilier avec la nature en l’intégrant dans notre propre culture. Les peuples premiers peuvent nous y aider. Mais il faut bien comprendre que leur langage est bien différent du nôtre. Pour eux, se connecter aux arbres qui ont une âme, comme les animaux, est une évidence vécue au quotidien. La question de la spiritualité ne se pose pas. Elle coule de source. Dans toute construction, par exemple, le vivant minéral et végétal est une réalité impossible à ignorer.
Michel Maxime Egger – Dans la foi
chrétienne qui m’anime, si je constate que le spectacle que l’humanité donne
d’elle-même est tout sauf reluisant, je crois que l’être humain est absolument
capable de changer, qu’il n’est pas réductible à ce spectacle, qu’il y a dans
le tréfonds de son être une « personne secrète indemne », comme le
suggère l’éco-psychologue Paul Shépard. Cet être capable de relations
harmonieuses avec les autres, de transcender l’ego, qui est animé par ses
aspirations à plus grand que soi. Dans la tradition biblique, cela renvoie à la
création de l’être humain à l’image de Dieu. Laquelle est un potentiel, comme
une graine, une semence.
Et le chemin de vie que
nous sommes invités à parcourir, c’est précisément l’accomplissement de cette
image de Dieu. Cette image est ontologique, liée à notre être. Si elle peut
être oubliée, ignorée, elle est toujours là. Même à l’intérieur du plus grand
criminel.
Quant à la
ressemblance à Dieu, elle signifie l’accomplissement de cette image dans notre
vie. Nous avons donc la liberté de manquer la cible ou de l’accomplir. Les
exemples de personnes cheminant dans cette voie sont fort nombreux. C’est la
raison pour laquelle bien que profondément morcelée, l’humanité n’est pas
tombée en morceaux.
N’y a-t-il pas un antagonisme
entre le développement personnel d’un côté et le développement durable de
l’autre ? (question du public)
Michel Maxime Egger – Le développement
personnel rassemble des démarches qui restent très individuelles, centrées sur
la recherche d’une forme d’harmonie intérieure, de bien-être, de santé. Dans
cette optique, si la nature n’est plus un stock de ressources, elle n’en
demeure pas moins un élément de mon bien-être personnel. Elle continue à être,
d’une certaine manière, instrumentalisée.
Dans des démarches de
transition, il y a une dimension collective, citoyenne. La quête d’un plus
grand bien-être n’est pas l’objectif premier de la spiritualité. Celle-ci
implique une démarche de réciprocité, de communion.
C’est autant la nature
qui vient vers moi que moi qui vais vers la nature.
Sophie Swaton – Deux exemples pour
abonder dans le sens de Michel Maxime : des entreprises proposent des
cours de yoga destinés à détendre les collaborateurs pour qu’ils se sentent
mieux, donc plus productifs à leur poste de travail. Le yoga est aussi pratiqué
au sein de l’armée américaine pour aider les soldats à partir plus vaillamment
au combat. N’oublions donc pas que les outils dont nous avons parlé ne sont
finalement que des outils au service d’une intention, d’une vision. Qui peut
aller dans une mauvaise comme dans une bonne direction.
Un mot n’a quasiment pas
été prononcé lors de cette table ronde : l’ego. Qu’il soit individuel ou
institutionnel, car les institutions peuvent aussi en véhiculer, l’ego est l’un
des principaux freins à une authentique transition. Allégeons-nous donc de cet ego
omniprésent et goûtons à l’humilité, cet humus de l’humanité.
Michel Maxime Egger – Sortir des
dualismes, des oppositions, des divisions, du bien versus le mal, des ténèbres
versus la lumière, c’est sans doute la voie à suivre. Au vrai, les ténèbres ne
s’opposent pas à la lumière mais sont de la lumière non encore révélée. Le
travail spirituel nous permet d’ouvrir une porte intérieure pour que cette
lumière puisse vraiment nous éclairer.