Par Diane Linder
Vol 1 (1) – octobre 2017
RÉSUMÉ
La transition écologique et spirituelle des modes de vie est discutée sous le prisme de la simplicité volontaire et plus particulièrement via la relation que ses représentants tissent avec la nature. Cette relation est appréhendée grâce une articulation théorique originale entre des expériences esthétiques de la nature, les représentations qu’elles insufflent et les comportements éthiques à son égard. Une enquête de terrain a permis de discuter et d’amender ce corpus théorique. Un tel cheminement heuristique éclaire les représentations de la nature qui habitent les simplicitaires, leurs spécificités et notamment le rôle crucial de l’identification phénoménologique à la nature pour développer une représentation emprunte d’humilité se traduisant dans l’élaboration de certaines valeurs morales.
Mots clés : Nature, simplicitaires, expériences esthétiques et transesthétiques, éthique.
ABSTRACT
The ecological and spiritual transition of the lifestyles is discussed under the prism of people practicing voluntary simplicity, more particularty the relation their representatives build with nature. This connection was questioned and thought through an articulation between the aesthetics experiences of nature, her appreciation and the definition of an ethical behaviour towards her. This approach allowed also to put into perspective both the theory issues and the empirical data. This heuristics process allowed us to underline the advocates of the voluntary simplicity’s appreciation of nature. We have attested the crucial role of the phenomenological identification with the nature to develop a representation of the order of humility that is expressed in some of their behaviours and more fundamentally in moral values. The continuity, that the advocates of the voluntary simplicity settle in their connection with the nature, emphasizes the possibility of an everyday ethical engagement towards nature.
Keywords : Nature, voluntary simplicity, aesthetic and transaesthetic experience, ethic.
PLAN
- Une articulation théorique originale : d’une cosmologie générale aux mondes vécus
- En quête d’explicitation
- Une pluralité d’expériences et de représentations dans un même monde
Ce travail de recherche a été récompensé à double titre : Diane Linder a obtenu le prix de la Faculté des Géosciences et de l’Environnement ainsi que le prix Durabilis de l’Université de Lausanne et de l’Ecole Polytechnique de Lausanne (EPFL). Pour consulter le mémoire de recherche: http://igd.unil.ch/diane.linder/fr/publications/
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« Notre expérience spontanée du monde, chargée de contenus subjectifs, émotionnels et intuitifs, demeure l’obscur et vital fondement de notre objectivité. » (Abram, 2013 : 56)
Le diagnostic scientifique ayant réduit le monde des Modernes – infini et ouvert – au monde de la biosphère – clos et fini -, réviser notre relation au monde est une entreprise nécessaire. Celle-ci exige une appréciation des enjeux écologiques qui va au-delà de ce que l’on peut percevoir ici et maintenant (Bourg et Whiteside, 2010). Ce qui a pu caractériser notre habilité à évaluer la portée de nos actes relevait majoritairement de nos cinq sens et selon un ancrage temporel et spatial de l’ordre du palpable, alors qu’aujourd’hui les événements tels l’érosion de la biodiversité, le changement climatique, le bouleversement des grands cycles biogéochimiques, l’introduction de micropolluants, les effets de seuil, etc, échappent à notre aptitude sensible à pleinement les cerner. Il faudrait, dès lors, parvenir à faire ressentir l’« insensible » et insuffler des représentations « irreprésentables » (Poirot-Delpech et Raineau, 2012 : 17). Or, d’une part la psychologie sociale nous enseigne l’impuissance du gain d’information pour réellement infléchir des comportements (Schultz et al., 2007) et d’autre part, plus les sciences de la nature acquièrent de nouvelles connaissances, plus le système Terre se montre animé d’interrelations complexes échappant à une quelconque maîtrise humaine. Nous sommes, plus que jamais, confrontés à notre finitude et à la mise en présence d’une nature « sous-déterminée » (Gloy, 2010).
Référence : Linder, Diane. « Simplicitaires et expériences esthétiques de la nature : pour une transition écologique et spirituelle des modes de vie », La Pensée écologique, vol. 1, no. 1, 2017. doi:10.3917/lpe.pr1.0001.
Pour consulter l’article : https://www.cairn.info/revue-la-pensee-ecologique-2017-1-page-221.htm?contenu=article