Par Roland Albignac
La Pensée Écologique : Vous venez de publier un livre état des lieux et bilan en matière de biodiversité, avec de très belles et riches illustrations, alors que nos paysages environnants oscillent entre le jaune terreux de la sécheresse et le noir calciné des mégafeux. Pouvez-vous vous présenter à nos lectrices et lecteurs ?
Roland Albignac : J’ai commencé ma carrière à Madagascar, en 1965, dans un institut qui s’appelait l’ORSTOM (Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer) et maintenant l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement). C’est un institut de recherches des territoires tropicaux. J’étais à l’époque agronome avec une spécialisation horticole et paysagiste. Je suis parti pour diriger le parc botanique et zoologique de l’ORSTOM à Antananarivo. Là, j’ai suivi des certificats d’équivalence universitaires (à l’époque, il n’y avait pas de passerelles avec le diplôme d’agronomie). J’ai ensuite soutenu une thèse d’État à Montpellier sur l’éco-éthologie des carnivores et des lémuriens de Madagascar.
Je suis alors devenu coopérant universitaire à partir de 1972, maître de conférences à la faculté des sciences d’Antananarivo. J’ai plus tard, en 1981, débarqué à Besançon, sur un poste de professeur des universités. J’ai ensuite été détaché au Muséum National d’Histoire Naturelle, à Paris pendant deux ans. Je devais m’occuper à un moment de la chaire d’éthologie, c’est-à-dire de la direction des parcs zoologiques du Muséum, mais ça n’a pas marché et j’ai rebondi sur l’UNESCO et le développement d’un projet pilote « d’éco-développement » pour préparer les accords de Rio. J’ai donc eu la chance de gérer un des 5 projets pilotes – avec plusieurs millions de dollars de fonds, afin d’apporter à Rio mon expérience de Madagascar et des Mascareignes. Ce qui m’a valu d’être nominé au « Global 500 Roll of Honor » du PNUE.
Je suis ensuite revenu à l’Université de Besançon en 1993, où j’ai mis en place un DESS sur le développement durable (de 2001 à 2005). J’aurais normalement dû aller à Bruxelles dans la DG8 qui s’occupe des problèmes d’environnement. C’était une charge très intéressante sur le plan matériel et financier, mais un travail purement administratif, et je suis vraiment fâché avec l’administration ! Je suis fondamentalement un écologue de terrain qui doit expérimenter pour préciser des concepts.
Une fois à la retraite, en plus de missions pour les Nations Unies, j’ai organisé et accompagné de nombreux voyages « nature » dans le monde entier ! Le Covid 19, en me « clouant au sol », m’a enfin permis de réaliser le livre La Terre et nous !!!
LPE : L’IPBES (Plateforme Intergouvernementale scientifique et politique sur la Biodiversité et les Services Écosystémiques) vient de publier son sixième rapport au début juillet de cette année. Pouvez-vous nous le présenter tout en dressant succinctement l’état du vivant sur Terre ?
RA : Au cours du 20e siècle, les répercussions de l’hyperproductivisme ont pris une ampleur exceptionnelle. Le constat est simple et sans appel : la production croissante de biens et de services exige de consommer toujours plus de ressources naturelles, de matières premières alors qu’elles sont limitées et de plus en plus difficiles à obtenir, d’énergie, et en conséquence d’espace non moins limité. Ces activités anthropiques produisent des déchets de plus en plus importants dans un monde à capacité limitée pour les recycler et au prix de perturbations profondes, comme le montre notre défi climatique.
Ce constat est malheureusement récurrent. Il a déjà été exprimé depuis le Club de Rome, le rapport Meadows, et la première conférence des Nations Unies sur l’environnement en 1972, à Stockholm, puis à Rio en 1992, etc. Nous sommes en train d’éroder les fondements mêmes de nos économies, et même de réduire l’habitabilité de la Terre.
LPE : Quel bilan dresse l’Ipbes ?
RA : Voici de façon synthétique les apports des différents rapports et du tout dernier, celui de juillet 2022. En mai 2019, la publication du premier rapport scientifique mondial de l’IPBES alerte sur le déclin sans précédent de la nature. L’Homme en est directement responsable ! Les travaux de l’IPBES confirment ceux de l’UICN et des ONG environnementales. Nous sommes face à une accélération sans précédent de la pression exercée par les êtres humains sur les écosystèmes :
A – La biodiversité, les fonctions et services écosystémiques se détériorent dans le monde entier. B – 1 million d’espèces sur 8 sont en voie d’extinction, 2 millions en grand danger et de nombreux services rendus par la biodiversité déclinent fortement. Tel est le bilan alarmant de ce rapport sur la biodiversité. Cette évaluation des espèces en danger est fondée sur l’analyses statistique des données de l’IUCN. (Encore conviendrait-il de mieux préciser la notion « d’espèce »). C – Les facteurs directs et indirects de ces changements se sont intensifiés au cours des 50 dernières années. D – Les trajectoires actuelles ne permettent pas d’atteindre les objectifs de conservation et d’exploitation durable de la nature. Pour parvenir aux objectifs fixés pour 2030 et au-delà, il est de plus en plus urgent de réaliser des changements en profondeur de nos systèmes économiques, sociaux et environnementaux par une révision politique forte et des avancées technologiques mieux ciblées.
E – Il est possible de conserver, de restaurer – ou mieux « de redonner à la nature le droit d’exister » – et d’utiliser la nature de manière durable, en déployant de toute urgence des efforts concertés qui entraînent des changements sociétaux en profondeur.
Ce rapport analyse aussi les causes directes ou indirectes de destructions anthropiques, qui souvent se conjuguent, et représentent des éléments majeurs dans le réchauffement climatique et ses menaces sur la biodiversité :
Les facteurs directs responsables sont, par ordre décroissant : (1) les changements d’usage des terres et de la mer à but de productions agricoles, sylvicoles ou halieutiques (déforestation, dégradation des sols, des récifs coralliens, des mangroves, etc.) ; (2) l’exploitation directe de certains organismes par la cueillette, la chasse, la surpêche, etc. ;
(3) le changement climatique ;
(4) les pollutions, notamment chimiques et les déchets, comme par exemple les plastiques; (5) les espèces exotiques envahissantes.
Le rapport de l’IPBES parle de progrès réalisés dans la prise en compte des différentes valeurs de la nature depuis les 50 dernières années. Ainsi sur la dernière décennie (2010 à 2020), 65 % des études portent sur l’amélioration de l’état de la nature et 31 % sur l’amélioration de la qualité de vie des êtres humains.
L’IPBES déplore néanmoins que ces études reposent encore trop souvent sur la valeur économique et utilitaire de la nature, en estimant que 74 % des études sont centrées sur les valeurs instrumentales, 20 % sur les valeurs intrinsèques et seulement 6 % sur les valeurs relationnelles.
En janvier 2021 : Plénière de l’IPBES et son rapport de cadrage. Rapport pour une évaluation thématique des causes profondes de l’érosion de la biodiversité, des déterminants des changements transformateurs et des solutions pour réaliser la Vision 2050 pour la biodiversité.
En juin 2021 : Publication du rapport commun de l’IPBES et du GIEC sur la biodiversité et le changement climatique. Ce rapport marque la première collaboration entre les experts de l’IPBES et du GIEC. Alors que les politiques nationales et internationales tendent à compartimenter la lutte contre le changement climatique et la préservation de la biodiversité ; les experts soulignent que ces enjeux ne seront résolus avec succès que s’ils sont abordés ensemble. En effet les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère augmentent, tandis que la biodiversité s’effondre. Ces deux sujets environnementaux ont longtemps été gérés séparément, alors qu’ils sont complémentaires, notamment dans les cycles biologiques naturels de ces GES.
Enfin en juillet 2022 : l’élaboration d’un rapport de l’IPBES sur l’utilisation durable des espèces sauvages. Ce dernier rapport établit un constat : pendant ces dernières décennies, la crise de la biodiversité s’est intensifiée, menaçant directement de nombreuses espèces sauvages végétales ou animales, terrestres et marines. Un chiffre : l’Humanité dépend de 50.000 espèces sauvages pour sa survie ; pour l’alimentation, l’énergie, les matériaux, la médecine, les loisirs, et autres besoins humains, etc., en précisant que la biodiversité reste largement menacée par l’exploitation forestière et marine. Les populations rurales des pays en développement (environ 45% de la population mondiale) sont les plus exposées au risque d’une utilisation non durable ; l’absence d’alternatives les contraint à exploiter davantage les espèces sauvages déjà en danger ; plus de deux milliards de personnes dépendent du bois pour cuisiner. L’IPBES rappelle que la surexploitation touche 34% des stocks de poissons, met en danger près de 1500 espèces de mammifères, etc. L’IPBES alerte aussi sur le trafic illégal d’espèces sauvages, le troisième trafic au monde, après la drogue et l’armement. Les facteurs indirects sont notamment l’augmentation de la population et la surconsommation des pays développés. Enfin, une tendance qui émerge est celle de l’interconnectivité mondiale (le « telecoupling »). Dans ce cas, l’extraction des ressources et leur production ont lieu dans une partie du monde, mais servent souvent à satisfaire les besoins de consommateurs éloignés, qui vivent dans d’autres régions du monde.
D’autres résultats majeurs du rapport sont à prendre aussi en compte :
- Les trois quarts de l’environnement terrestre et environ 66 % du milieu marin ont été significativement modifiés par l’action humaine. En moyenne, ces tendances ont été moins graves ou évitées dans les zones qui appartiennent à – ou sont gérées – par des peuples autochtones et des communautés locales.
- Plus d’un tiers de la surface terrestre du monde et près de 75 % des ressources en eau douce sont maintenant destinées à l’agriculture ou à l’élevage.
- La valeur quantitative de la production agricole a augmenté d’environ 300 % depuis 1970, la récolte de bois brut a augmenté de 45 % et environ 60 milliards de tonnes de ressources renouvelables et non renouvelables sont maintenant extraites chaque année dans le monde – quantité qui a presque doublé depuis 1980.
- La dégradation des sols a réduit de 23 % la productivité de l’ensemble de la surface terrestre mondiale ; une partie de la production agricole annuelle mondiale, d’une valeur marchande pouvant atteindre 577 milliards de dollars US, est confrontée au risque de disparition des pollinisateurs. A quoi s’ajoutent avec le réchauffement du climat, la destruction du littoral naturel, notamment des mangroves – de 100 à 300 millions de personnes sont exposées à un risque accru d’inondations –, les ouragans et une baisse des ressources naturelles en raison de la perte d’habitats côtiers.
- Les zones urbaines ont plus que doublé depuis 1992.
Face à ces constats, ce rapport de l’IPBES appelle à adopter d’autres méthodes d’évaluation de la biodiversité : la reconnaissance et le respect du monde vivant, le respect des valeurs et connaissances des communautés locales, afin d’obtenir un meilleur équilibre entre les êtres humains et la nature. C’est l’un des aspects majeurs de ce dernier rapport de l’IPBES : repenser le lien entre les activités humaines et la nature. La vision utilitariste et économique de la nature est remise en cause par l’IPBES en considérant qu’il faut dorénavant asseoir les décisions économiques et sociétales sur des fondements beaucoup plus larges.
- Cesser de penser le vivant sous le seul aspect de l’économie et développer une approche complexe de la biodiversité. Vivre avec la nature permet un juste équilibre avec le vivant de notre planète.
- L’IPBES considère qu’il faut dorénavant baser les décisions économiques et sociétales sur des fondements beaucoup plus larges.
Pour cela 4 axes prioritaires sont proposés :
– Vivre de la nature : reconnaitre la capacité de la nature à fournir des ressources pour assurer les besoins de l’humanité (biens matériels et récréatifs).
– Vivre avec la nature : prendre en compte ce premier paramètre dans les décisions à venir et comme je l’ai écrit « redonner à la nature le droit d’exister ».
– Vivre dans la nature : adopter une réforme institutionnelle qui exprime le besoin d’identité et un retour à la nature pour l’humanité.
– Vivre comme la nature : modifier notre approche sociétale et le besoin pour les êtres humains de contacts physiques et spirituels avec les milieux naturels.
L’IPBES préconise aussi une reconnaissance des peuples autochtones et des communautés locales, en valorisant leurs connaissances, tout en assurant un rôle de gardiennage de la nature pour le maintien de la biodiversité. Ces peuples occuperaient encore de nos jours plus de 38 millions de km2 de terres, soit environ 40% des zones terrestres conservées dans 87 pays. L’utilisation durable des espèces se montrerait plus favorable au sein de politiques sécurisant les droits fonciers et l’accès équitable aux terres.
LPE : Pouvez-vous revenir sur la notion d’espèce et son caractère problématique ? Par ailleurs, vous préférez l’expression « redonner à la nature le droit d’exister » à celle de « la restaurer », pourquoi ?
RA : En effet il me parait très important de préciser quelques points qui ne me semblent pas avoir attiré suffisamment l’IPBES :
– Concernant la notion d’espèce je suis assez réservé par la systématique biologique des « molécularistes » qui ne prennent plus en compte un élément majeur de nos critères habituels de classification, celui de la barrière reproductive ! Pour cela un exemple qui concerne la classification des lémuriens de Madagascar : tous les primatologues avaient établi au cours du XXe siècle environ 45 espèces et sous-espèces de lémuriens. Mais depuis 30 ans nous en sommes à plus de 125 espèces ; où est l’erreur ? Tout cela pour dire qu’il reste absolument nécessaire de redéfinir cette notion d’espèce à l’échelle mondiale, ce qui ne semble pas avoir été réglé à ce jour !
– Pour ce qui concerne le terme « restaurer », je préfère « redonner à la nature le droit d’exister ». Je m’explique la restauration de la nature passe obligatoirement par une intervention humaine, or il me semble nettement plus pertinent de laisser « faire la nature », ce qu’elle a toujours su faire. Simplement nous devons recréer les conditions de cette reprise, en redonnant par exemple au relief les conditions de cette reprise sans aucune autre forme d’intervention, en laissant le milieu être recolonisé « naturellement », sans plantation, ni plastique de couverture de notre part ; cela a aussi l’avantage d’être beaucoup moins coûteux, mais demande simplement du temps !
– Je voudrais ajouter une remarque sur les aires protégées (AP) qui ont largement occupé ma carrière. Je suis surpris de constater que ces AP, d’une complexité extrême, ne fassent pas davantage partie des préoccupations de l’IPBES. Cela me semble pourtant constituer un élément très important dans la stratégie de protection de la biodiversité et, comme la notion d’espèce, il serait urgent d’harmoniser nos approches à l’échelle monde. Enfin, pour conclure ce bilan assez large des actions de l’IPBES, je soutiens sans réserve le dernier rapport de l’IPBES qui appelle maintenant à sortir du dogme de la croissance. Pour les écologues, cette croissance sans limite est un non-sens dans ce monde fini dont nous dépendons. La croissance y sera temporaire et limitée dans le temps ; alors qu’il est souvent admis qu’une dynamique économique exponentielle puisse s’inscrire durablement dans un monde fini ! Les approches économiques, encore largement majoritaires, ne tiennent en effet pas compte de l’extrême diversité des valeurs de la nature. Cette vision de court terme, basée sur des indicateurs comme le PIB, ne reflète pas l’état des dégradations portées à l’environnement et à la biodiversité, ni les impacts sur le long terme.
Je m’associe également aux propositions de l’IPBES sur les objectifs pour 2030 et au-delà, qui ne pourront être atteints que par un « changement transformateur » dans les domaines de l’économie, de la société, de l’environnement, de la politique et de la technologie ; c ’est-à-dire un changement fondamental à l’échelle d’un système (Vers un véritable changement sociétal), qui prend en considération tous ces facteurs. Grâce à ce « changement transformateur » la nature peut encore être conservée sur 20% de la superficie de la planète, elle peut se reconstituer et être utilisée pour les 80% restants de manière durable par l’humanité ; ce qui est également essentiel pour répondre à la plupart des autres objectifs mondiaux.
LPE : Compte tenu du diagnostic qui est le vôtre, de votre défense de la décroissance, pourquoi tenez-vous à continuer d’utiliser la notion de développement durable avec ses trois piliers ?
RA : Ce qui me parait important dans ce schéma du développement durable affirmé à Rio est à la fois sa simplicité de compréhension et l’idée force d’un équilibre à atteindre entre ses 3 pôles (pôles économique, social et environnemental à égalité) et le quatrième pôle central, la « gouvernance » qui gère la viabilité, la vivabilité et l’équité. Le schéma du développement durable a été mis en avant avec l’avantage d’être très compréhensible pour tous les participants ; c’est pour moi le moyen le plus « pédagogique » de faire passer le message. Avant Rio, l’UNESCO parlait « d’écodéveloppement » (écologie et développement), ce qui représentait un message nettement moins percutant ! A Rio les discussions ont été très dures et longues pour aboutir à ce résultat, notamment pour qualifier le développement de « durable » et non « soutenable » comme je le souhaitais. J’aime aussi beaucoup cette présentation sur l’équilibre de 3 pôles car en tant « qu’africain » de cœur je suis attaché à l’équilibre plan du trépied de la gamelle ; c’est une manière simple de comprendre cet équilibre : si l’un des 3 pieds est plus faible la gamelle bascule ! Par exemple dans mes conférences je cite souvent le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement) et le public tombe des nues la plupart du temps ! Cela montre à l’évidence une faiblesse du pied de l’environnement si j’en juge par son manque de présence active dans les grands débats public du moment.
Je cite également dans le livre une évolution des approches novatrices du développement durable avec la théorie « donut » dont la construction est compliquée à expliquer pour un public non spécialisé.
LPE : Le principe même de la théorie du « donut » de Kate Raworth, à savoir que la nature abrite la société, laquelle abrite l’économie, se trouve déjà dans le livre de René Passet, L’économique et le vivant, qui date de 1979 !
RA : Eh oui on réinvente une fois de plus la roue ! L’approche du « donut », donc plus ancienne qu’on le prétendait, est effectivement plus précise mais d’une grande complexité pour en expliquer son fonctionnement. Mais quoi que l’on fasse personne n’arrive à suivre !
LPE : Les lobbyings exercent leur pouvoir notamment pour accroitre la dimension économique au détriment de l’environnement. Quelle expérience en avez-vous eu ?
RA : C’est en effet à l’occasion de ma participation à Rio 1992 que j’ai compris la puissance des lobbyings, notamment le lobbying forestier ; leur influence est telle que les représentants des pays signataires du concept de « développement durable » n’ont pas pris réellement conscience des engagements sociétaux qui découlaient de ces accords de Rio !
J’ai aussi en tête autre chose, un imaginaire puissant.
Par exemple, pour développer notre force musculaire la technique du « génie humain » a trouvé la solution, celle d’utiliser des exosquelettes ! L’exosquelette est un terme biologique utilisé pour caractériser le squelette externe des insectes et des crustacés (une carapace). Ce terme est de nos jours utilisé pour désigner des appareils d’aide au portage ; mais en fait nous les utilisons depuis bien longtemps ! La charrette depuis des siècles, la voiture, l’avion, une tronçonneuse, une pelleteuse … sont aussi des exosquelettes nous permettant de nous déplacer, de transporter et couper du bois, d’extraire du sol ou des pierres…, c’est-à-dire des appareils qui décuplent nos propres forces ! Mais pour cela il nous faut trouver de l’énergie animale et végétale vivante ou fossiles, des ressources limitées sur notre planète ! Nous sommes aujourd’hui totalement séduits et dépendants de la technique, sous la houlette du « principe de progrès » que certains voulaient absolument adosser à la Charte française de l’environnement. Il est grand temps de penser que nous ne maitrisons pas tout sur cette Terre, notamment dans le domaine de la biologie ! Ça me sidère de voir nos milliardaires penser que la technique va tout régler en allant même pour cela sur la Lune, Mars et au-delà pour tenter de poursuivre notre survie ! Pour moi qui ai vécu une bonne moitié de ma vie en Afrique et Madagascar, il est urgent de revenir à la réalité et de repenser notre avenir de façon plus réfléchie, responsable et surtout plus « sobre ». Utiliser la technique, oui, mais avec sobriété et développer une « intelligence collective ». Pour cela il faut prendre du recul pour ne pas « subir » les évènements et plutôt les anticiper et pouvoir les régler par le dialogue.
LPE : En somme vous fustigez cet imaginaire occidental d’une domination sans reste de la nature, présent aussi bien chez un grand penseur comme Marx que chez nos histrions du capitalisme néolibéral, les Musk ou les Bezos ?
RA : En effet, c’est l’une de mes préoccupations majeures ! L’Homme a toujours voulu maitriser la nature. Par exemple ma spécialisation d’agronome paysagiste m’avait déjà permis d’étudier l’œuvre de notre « grand jardinier » Le Nôtre et sa volonté de montrer sa parfaite maitrise de la nature sur le végétal et l’eau. Plus simplement j’ai également vu de belles haies de cyprès bien taillées « au carré » entourant les grandes villas de Bamako, au Mali, et que le langage populaire qualifie de « béton vert » ! L’Homme a voulu de tout temps montrer sa puissance sur la nature, une approche qui me semble bien prétentieuse et je pense qu’il est important de revenir à plus de modestie !
LPE : Cet imaginaire n’est pas universel, c’est celui de notre civilisation mécaniste, désormais globalisée !
RA : Bien entendu et nous l’avons poussé à l’extrême.
LPE : Venons-en à la fameuse accusation de radicalité !
RA : Oui revenons sur la radicalité. Il faut savoir que plus nous attendons, pires seront les solutions « radicales » nous permettant de tenter de régler nos problèmes environnementaux.
Est-on capable d’anticiper ces évènements ? De nombreuses alertes ont déjà été avancées et écrites depuis les années 1970 et nous sommes encore incapables d’adopter ces principes. Après la « grande messe » de Rio (en 1992), nous étions tous plein d’espoirs pour enfin croire à une mobilisation du monde vers des actions plus réalistes. Globalement nous sommes déçus par les faibles avancées réellement mises en application, et ceux malgré les Rio + 10, + 20 et maintenant + 30 ans ! La technologie sans limites nous conduit tout droit à l’homogénéité qui nous envoie ainsi droit dans le mur ! Il faut donc maintenant des mesures « très fortes » pour ne pas en arriver à une véritable catastrophe. Cessons de penser qu’être « écolo » est un retour à l’âge de pierre, mais soyons conscients des bouleversements planétaires à venir et de l’urgence à réagir et à trouver des solutions palpables !
LPE : Pour ne pas en arriver là passons à autre chose, ce qui vous tient le plus à cœur, ce sont les forêts primaires et l’agriculture.
RA : Bien entendu ce sont aussi deux grands sujets qui me préoccupent beaucoup. Le problème est qu’on a besoin des forêts pour le bois et ses dérivés. A l’époque nous avons puisé sur les ressources naturelles, notamment les ressources forestières et cette activité humaine ancienne a déjà eu un impact non négligeable sur les forêts. Un rappel s’impose, l’humanité a connu une grande période froide pendant 70 000 ans ; cette période lui a permis de coloniser les Amériques, l’Australie, l’Indo-Malaisie… Puis, depuis environ 14 000 ans, notre planète connait un réchauffement climatique qui nous a permis, par la domestication végétale/animale, de développer l’élevage et l’agriculture, tout en nous permettant de nous sédentariser. Cela soulève maintenant un problème majeur : les méthodes agricoles ne font pas bon ménage avec les milieux naturels, les forêts en particulier. Dans ma jeunesse j’ai vécu en zone tropicale d’Afrique et j’avais déjà vu, à l’époque, une grande destruction forestière pour développer nos systèmes agricoles « modernes » ! Chez nous, en zones tempérées, ces destructions massives remontent à plusieurs siècles, voire avant le Moyen Âge. De nos jours l’espace agricole est si contraint que ces forêts et milieux primaires restants sont considérés comme des espaces libres, « sous-exploités » ; surtout en milieu tropical, à l’exemple des cultures tropicales d’oléagineux, de céréales et autres ressources agricoles que nous importons en grande quantité. Au Brésil par exemple le grand plan de développement de ce pays date des années 1970 ; il a été soutenu par la Banque Mondiale qui le considérait à l’époque comme l’un « des plans modèles de développement des pays émergents ». Ce plan a débuté par la construction de la route transamazonienne, suivi d’une déforestation massive pour l’agriculture/élevage en vue d’une exportation vers les pays développés. Il en a été de même en Indo-Malaisie et en Afrique tropicale pour le palmier à huile et toute une série de cultures « de rentes » comme le soja, l’arachide, le coton, le café, le cacaoyer, la banane, etc. Il est grand temps de mettre totalement à l’abri tous les écosystèmes naturels (ou mieux : primaires) restants sur notre planète, surtout les forêts tropicales, et de n’autoriser les systèmes agro-sylvo-pastoraux que dans les zones déjà aménagées ou dans les milieux fortement dégradés restants.
LPE : Donc protégeons les forêts !
RA : Oui, une protection « musclée », il n’y a pas d’autres choix ! Déjà à Rio, en 1992, nous avions proposé une convention pour l’arrêt total de l’exploitation des forêts primaires tropicales et avons « péniblement » obtenu un simple moratoire sur ces forêts. La communauté amérindienne était déjà présente à cette époque, mais rien n’y a été obtenu, le lobbying forestier a parfaitement joué son rôle en proposant une « écolabellisassion » totalement inapplicable dans ce contexte !
LPE : Mais y a-t-il des endroits où l’on peut envisager non de replanter, mais de laisser faire la nature. Je pense là tout particulièrement au projet de forêt primaire de Francis Hallé.
RA : Alors là c’est encore une fois le fameux zonage qu’il faut appliquer, comme nous l’avions fait avant Rio avec les projets UNESCO du programme MAB (L’Homme et la Biosphère) et ses Réserves de Biosphère (RB). Encore faut-il que ce zonage soit appliqué avec rigueur ! Par exemple dans le cas de la RB de Camargue ou les parcs nationaux du Mercantour, de la Vanoise et même celui de la Réunion, il faut savoir que de 30 à 50% des terres de ces espaces protégés appartiennent à des privés, ce qui veut dire des zones où l’Etat n’a pas le pouvoir d’imposer les mesures de protection. Oui, je rejoins le point de vue de Francis Hallé, les forêts primaires restantes sont un capital essentiel pour la biodiversité et le recyclage des GES, elles doivent toutes être classées en zone de protection totale, sous le contrôle exclusif des Etats. Cela reste le seul moyen efficace pour préserver durablement les limites des PN et RB et laisser faire la nature qui le fera mieux que nous ! Comme je le répète souvent il faut mettre en défend 20% de la planète et développer pour l’humanité de manière « durable » (ou « soutenable ») les 80% restants.
Pour ce qui concerne les forêts partiellement dégradées il faut agir au cas par cas et évaluer en particulier leur capacité de régénération potentielle ; si cette régénération est bonne, on doit les placer aussi en zone de protection totale, comme souhaite le faire Francis Hallé, surtout si elles participent par exemple à la protection d’un bassin versant pour l’eau notamment. Si ces forêts sont trop dégradées, on peut alors les placer en zone tampon et procéder à des mesures de valorisation par le reboisement dans le but d’une exploitation durable future. Mais il faut aussi rappeler que de tels processus de régénération demandent du temps.
LPE : Pour atteindre un équilibre forestier il faut de nombreuses années.
RA : Oui, pour atteindre un stade forestier équilibré, sans intervention humaine, je dirais qu’il faut de 7 à 10 siècles ! J’insiste aussi sur le fait que ces équilibres écologiques des écosystèmes naturels sont « dynamiques » ; la nature remet sans cesse en question ces équilibres en fonction des variations du milieu, ce qui lui permet de s’adapter en permanence à des variations extérieures. C’est un peu comme l’équilibre dynamique d’un avion en vol, si l’on coupe les moteurs il tombe ! Un écosystème dépend de nombreux paramètres et s’ils changent, l’écosystème s’adaptera ; c’est le cas du réchauffement climatique actuel, au détail près que ces équilibres écologiques se passent dans des temps longs (plusieurs siècles !), alors que l’humanité raisonne au mieux sur quelques années. Encore un rappel, l’accélération de nos émissions excessives de GES et les destructions anthropiques massives de la nature se sont passées depuis à peine une cinquantaine d’années. Les forêts primaires, les milieux humides, les zones coralliennes sont « laminées » par nos civilisations développées et nous risquons une fois de plus « d’aller droit dans le mur » !
LPE : Donc un zonage ferme !
RA : Oui, soyons fermes, on contrôle et on protège les zones sensibles comme les parcs nationaux ; le Costa Rica le fait depuis des années, mais aussi bien d’autres pays, plus difficilement en Europe et dans l’ouest africain. Il y a le plus souvent des « rangers » et des guides qui exercent un véritable contrôle. Chez nous pas d’équivalents pour nos parcs nationaux et autres aires protégées, on laisse l’accès libre, sans réels contrôles aux entrées qui restent non payantes, comme cela se pratique le plus souvent ailleurs. On paie pour visiter un musée ou même un zoo, pas pour accéder à une aire protégée, je ne vois pas pourquoi une telle décision. La nature c’est comme la culture, leurs aménagements devraient être dans tous les cas contrôlés et payants. Nous restons accrochés au fameux « droit d’usage » !
Enfin un rappel pour notre propre développement : autour de ces parcs et zones protégées, on aménage des zones de développement concerté et plus largement il s’agit de généraliser les approches du développement durable sur nos territoires. Comme j’aime le rappeler il faut donner 20% de la planète à la nature, et 80% à réaménager pour l’Homme, si nous y parvenons ce serait un pas décisif !
LPE : Comment procéder là où on doit aménager !
RA : Comme je l’ai déjà expliqué nos besoins en bois et ses dérivés sont immenses. Il faut donc planter des arbres, cela s’appelle de la « sylviculture », c’est-à-dire des plantations d’arbres et non de véritables forêts, et il nous en faut ! La foresterie est du reste toujours associée à l’agriculture, la FAO par exemple le fait pour les Nations Unies. Je soutiens aussi « les écolabels » mis en place pour une gestion durable de ces plantations, aucun doute à ce sujet ! Je suis convaincu de l’intérêt que présente l’eucalyptus en zones tropicales, c’est une véritable « bouée de sauvetage » pour produire le bois indispensable aux populations. Mais il faut le planter en milieu dégradé, ou en savane, surtout pas en détruisant des milieux naturels, comme on le fait encore trop souvent pour le cas du palmier à huile et de bien d’autres cultures tropicales (arachides, coton, café, cacao, etc.).
LPE : Et les aspects plus agronomiques ?
RA : Un rappel du bon sens populaire, « Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier ». Il faut à nouveau diversifier au maximum du possible nos systèmes agricoles et non l’inverse comme nous le pratiquons depuis 50 ans ! Par exemple à l’Agro, en 1960, notre professeur de pédologie (étude des sols) nous expliquait les désastres érosifs des sols aux Etats Unis, dûs à la mécanisation et à l’extension des parcelles agricoles ! C’est pourtant ce que mes collègues de promo ont appliqué par la suite chez nous, pour le « remembrement » (rectifications des méandres et drainage des zones humides, aménagement rizicole en Camargue…), c’est totalement contradictoire ! Donc le retour à une diversification de nos systèmes agricoles est maintenant urgent à mettre en œuvre, notamment dans nos grandes zones céréalières ou sucrières !
Je reste ainsi optimiste en voyant le succès de certaines expériences agroécologiques comme une ferme voisine de Besançon, « la ferme agroécologique de They ». Sur 209 ha, depuis 30 ans, les propriétaires ont passé une dizaine d’années à améliorer les sols et à développer une grande diversification bio : A ce jour 140 vaches laitières (750 000 l de lait par an en traite automatisée !) et 30 veaux de lait ; mais aussi 30 truies et 250 porcs en engraissement ; 100 poules pondeuses et 2 500 poulets de chairs, des prairies, du maraichage, et 25 ha de blés anciens pour la production de farine, le tout traité et vendu sur place. La ferme produit de l’électricité en excédant par 2 000 m2 de panneaux solaires (puissance cumulée de 250KW) et par la méthanisation en cogénération (150 KWh, produisant 1 200 000 KWh /an), un forage profond pour l’eau et même un tourisme à la ferme (éco-gite de 24 couchages et 5 000 nuitées par an) avec même une piscine chauffée. Le tout emploie 10 personnes à plein temps, logées sur place !
Cette démarche agroécologique est pour moi très proche de l’agriculture biologique, paysanne, … et même de la permaculture pour certains de ses aspects. Il est aussi bien clair que cet exemple n’est pas réplicable partout, il reste nécessaire de tenir compte du contexte local, du climat, des sols, de la proximité d’une ville…mais cela démontre que des adaptions sont possibles avec cet exemple qui n’est heureusement pas le seul moyen de diversification agricole au sens large du terme !
Mais la mondialisation ne va pas du tout dans ce sens et cela risque d’aboutir à une catastrophe réelle. Nous faire croire que la technologie va tout régler est réellement une utopie ! Pour s’en convaincre il suffit d’analyser les incertitudes qui touchent aux maladies émergentes, notamment la covid 19 nous montre bien le contraire. La puissance des zoonoses reste une triste réalité !
LPE : Pouvez-vous revenir sur vos propos concernant les vaches Brahmanes et les Montbéliardes ?
RA : On dit toujours qu’il est indispensable de garder notre propre culture et nos racines. C’est dans ce contexte que nous devons repenser notre système agricole et forestier, en l’intégrant dans une politique de « sobriété » à tous les niveaux : moins d’intrants chimiques, moins de pesticides… Ce qui nous impose de revoir notre système de sélection des végétaux et des animaux. Par exemple l’agriculture dite « raisonnée » reste une forme de récupération sémantique pour justifier une agriculture productiviste classique ! C’est aussi à l’INRAE (le « E » d’environnement !) de modifier ses modes de sélections variétales et animales vers des formes plus résistantes, moins exigeantes en eau et en intrants chimiques, et de ce fait surement aboutir à des rendements plus faibles.
J’en arrive à titre d’exemple caricatural à mes vaches Brahmanes et Montbéliardes :
– La brahmane est issue de zébus élevés depuis des millénaires en Inde pour produire du lait. Elle présente l’avantage d’être résistante aux milieux tropicaux, mais elle produit assez peu de lait ; de ce fait elle a aussi été hybridée à d’autres races pour augmenter sa production de lait en milieux tempérés.
– La montbéliarde est une race française issue du métissage de races franc-comtoises et suisses entre le XVIIIe-XIXe siècles. C’est une race mixte, lait et viande adaptée à la moyenne montagne. J’ai vu des introductions de Montbéliardes en zones tropicales d’altitude avec cependant des rendements laitiers largement inférieurs du fait d’une alimentation moins riche et plus contraignante à produire pour l’éleveur. Mais cette race ne tiendrait pas 15 jours en élevage extensif dans une savane avec des zébus ! Des hybridations sont en cours avec des races locales pour diminuer ses exigences alimentaires, mais en acceptant de fait une diminution des rendements.
Je suis persuadé d’une réorientation de la recherche agronomique de nos pays développés vers une sélection qui portera sur la résistance et une moindre exigence en intrants de toutes sortes, donc des variétés et races moins productives. Cette nouvelle approche remet bien entendu en cause nos techniques culturales et d’élevages dites « modernes ». Je pense que nous sommes encore capables d’adaptations rapides, sinon je ne serais pas là pour en parler avec conviction.
Quand je pense que j’ai découvert la France seulement à l’âge de 11 ans, en 1951 ! Je me souviens encore très bien de l’état des fermes de ma famille du sud-ouest de la France pas tellement plus avancées que celles de l’Afrique de l’Ouest. Ce fût une découverte inattendue, bien différente de celle que j’avais connue pendant la guerre en Guinée et surtout au Maroc dès la fin des conflits où ma famille ne voyait que par l’Amérique ! Je constate qu’en moins de 30 ans nous avons pu radicalement changer nos systèmes de production en suivant aveuglément le modèle américain, totalement « aseptisé ». Il faut savoir que la nature a horreur du vide et que se passe-t-il aujourd’hui ? Les virus et bactéries poursuivent et accentuent même leur impact contre l’humanité. C’est un peu comme les migrants qui cherchent par tous les moyens à aller vers la richesse d’autres pays, ou même, à l’inverse, pour un prisonnier qui cherche à s’évader. Plutôt que de vouloir éliminer ces virus et bactéries, il faut composer avec, un peu dans l’esprit des « microbiotes ». Finalement pourquoi pas se fixer à nouveau 30 ans pour « inventer » une autre forme de société, plus en phase avec son milieu naturel ?
LPE : Et votre histoire des camions poubelles à Genève ?
RA : En effet en 1951, après une visite familiale en France nous sommes allés voir une autre partie de ma famille Suisse d’origine française, et là quel contraste ! Une ville très ordonnée qui n’a pas subi la guerre et où j’ai vu pour la première fois des camions poubelles « modernes » du type de ceux que nous connaissons maintenant un peu partout, alors que les ordures étaient encore ramassées dans des camions-bennes « normaux », chargés avec des fourches et tassés au pied, en France, comme en Afrique, en 1951 ! A ce titre il faut voir la photo d’un paisible pécheur au bord d’un point d’eau totalement pollué par des ordures, ce n’est pas en Afrique, mais bien chez nous, à Montbéliard, en Franche-Comté, dans les années 1980 !
LPE : C’est une belle conclusion, d’autres éléments à apporter ?
RA : Non, sinon peut être de dire que j’aborde dans le livre d’autres thèmes, comme la démographie, la notion de besoins humains, la gestion des déchets et des pollutions, l’énergie, l’alimentation, les maladies émergentes et la sélection végétale et animale.