Entretien conduit par Dominique Bourg
Pour mieux connaître le côté visionnaire de Philippe Roch, je me suis permis d’ajouter ce lien à une émission « Franc Parler » du 20 septembre 1986. Bluffant ! D.B.
https://drive.google.com/file/d/1c1VmFYIKJnCX4BPfODWR_uiNx-OD80oF/view
Dominique Bourg
Philippe Roch, il n’est pas nécessaire de vous présenter en Suisse, mais le public français, et plus largement francophone, mérite de mieux vous connaître. Pourriez-vous succinctement vous présenter?
Philippe Roch
Je suis avant tout un enfant de la nature, car c’est elle qui m’a accueilli dès mes premières années pour soulager mes chagrins et répondre à mes questionnements. Je disposais d’un grand jardin et je pouvais communiquer avec les arbres. Lorsque j’ai vu que l’on commençait à détruire la nature, que l’on saccageait la campagne pour la croissance urbaine de Genève, j’en ai été très affecté : les arbres abattus, les haies brûlées, et même de vieux murs détruits. C’étaient les années 50.
Du coup très tôt, jeune adolescent, je me suis engagé politiquement, auprès du PDC (Parti Démocrate-Chrétien) dans ma commune et dans la voie associative pour défendre la nature. J’ai été parmi les tout premiers membres du WWF-Suisse, créé en 1961. J’étais avide de connaître et d’éprouver la nature qui m’entourait. Ce partage, d’affectif, est vite devenu scientifique, puis spirituel. D’une famille très catholique j’ai en effet développé une pratique religieuse plutôt mystique. Ces trois veines – poétique, scientifique et spirituelle -, se sont combinées en une approche holistique de la Nature.
Il m’est alors apparu comme une évidence que la conscience est universelle, que tout être dispose d’une forme de conscience et que la réalité matérielle, celle que j’ai par exemple étudiée du point de vue de la biochimie en préparant mon doctorat, n’était que l’expression particulière d’une réalité spirituelle beaucoup plus vaste. Voilà donc mon parcours qui s’est très tôt traduit en engagement pour la nature.

Dominique Bourg
Rappelez-nous s’il vous plaît votre parcours professionnel. Vous avez été directeur pour la Suisse du WWF, puis directeur de l’Office Fédéral de l’Environnement, des Forêts et du Paysage (OFEFP).
Philippe Roch
J’ai d’abord créé la section genevoise du WWF, puis je me suis engagé bénévolement pendant mes études pour créer une section dans chaque autre canton de Suisse romande et ensuite le WWF suisse m’a engagé professionnellement ; c’était en 1977. Je suis devenu membre de la direction du WWF suisse jusqu’à ce qu’en 1992, le conseiller fédéral Flavio Cotti me demande de prendre la direction de l’OFEFP, l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage (devenu aujourd’hui OFEV). J’ai eu la chance de commencer cette nouvelle carrière à Rio, dès les premiers jours du Sommet pour la Terre, en juin 1992. C’était fantastique. J’ai ensuite pendant 13 années, avec le titre de Secrétaire d’État, participé aux grandes conventions internationales sur la biodiversité, le climat, les produits chimiques, et aux travaux sur la gouvernance environnementale. J’ai été très actif au sein des conseils d’administration du PNUE et du Fonds pour l’Environnement Mondial.


Dominique Bourg
Pourriez-vous succinctement nous rappeler quelques actions parmi les plus fortes que vous avez conduites ?
Philippe Roch
Dès mon arrivée à Berne j’ai entrepris une révision complète de la loi sur l’environnement. C’est alors qu’ont été introduits les premiers instruments économiques de politique environnementale tels que les taxes incitatives sur le soufre dans les carburants et sur les composés organiques volatiles, et les taxes préalables d’élimination sur les emballages en plastique et sur les appareils électroniques dont le but était d’assurer le financement de leur recyclage dès leur mise sur le marché ; j’ai ensuite initié la première loi sur le CO2 : l’idée a été de fixer un objectif de réduction des émissions de CO2 conforme à l’engagement que nous avions pris à Kyoto, et de taxer les émissions des secteurs qui n’atteindraient pas les objectifs fixés. C’était alors une construction tout à fait nouvelle. Nous sommes dans les années 90.
N°506 Lynx d’Espagne dans le maquis
Dominique Bourg
Vous pourriez aussi parler de la réintroduction du lynx ?
Philippe Roch
Oui, le lynx avait été réintroduit avant mon arrivée à la Confédération suisse. Ce sont les forestiers de Suisse centrale qui ont pris cette décision face aux dégâts occasionnés par la surpopulation des ongulés. C’est un programme qui a très bien marché et que le retour naturel du loup est venu compléter. Quand j’étais encore au WWF, j’avais proposé de préparer le retour du loup. Alors on se moquait de moi et on me prenait pour un farfelu. D’où mon bonheur lorsque quelques années plus tard en 1995 le loup est arrivé de lui-même, à « pied ». Il a fallu beaucoup d’engagement pour qu’il soit toléré.
Pas plus tard qu’hier un ami m’a fait entendre le chant des loups qu’il venait d’enregistrer dans les forêts du Jura vaudois ! Magnifique ! J’en avais les larmes aux yeux. Évidemment j’ai rapidement pensé à mon maître Robert Hainard. À son époque, il les observait en Europe de l’Est. Mais s’il avait pu entendre leur chant si près de chez lui, il serait mort sur place de bonheur !

Dominique Bourg
Et qu’avez-vous pu faire pour la nature ?
Philippe Roch
En tant que membre de la direction du WWF j’avais contribué au succès d’une votation très importante, l’initiative de Rothenthurm acceptée par le peuple en 1987, qui exigeait la protection des zones humides et de grands paysages marécageux très riches sur le plan de la biodiversité. Arrivé dans mes nouvelles fonctions à Berne, j’ai été chargé de sa mise en œuvre et j’ai été confronté à une fronde au Parlement qui remettait en question ce vote. J’ai réussi, grâce aussi à l’appui du Conseiller fédéral Cotti, à sauver cette initiative et à la traduire en ordonnances de protection. C’est une des actions dont je suis fier.
N°300 Trois rainettes
Dominique Bourg
Vous êtes arrivé aux commandes à un moment particulier, celui de l’arrivée des OGM. Vous avez institué une commission d’éthique sur le vivant dont la tâche a été de préciser la notion de dignité de la Créature, die Würde der Kreatur, qui avait été intégrée à la Constitution, mais avec une curieuse traduction française en termes d’intégrité des êtres vivants.
Philippe Roch
Je ne sais pas pourquoi cette traduction affaiblie s’est imposée en français lors d’une révision totale de la Constitution. Et pourtant Würde, dignité, est bien ce que le peuple suisse a voté. Le grand intérêt de ce texte est d’avoir permis l’institution de cette commission d’éthique, que j’ai créée puis accompagnée pendant des années, et qui développe et précise depuis 25 ans ce concept. On peut y lire même une réflexion sur la dignité des plantes. Je crois que c’est unique au monde. Ce concept de dignité ou d’intégrité permet de donner un fonds éthique à notre relation à la nature, et par exemple d’interdire des manipulations génétiques qui auraient des effets dégradants sur les animaux comme la création de chats sans poils ou de poulets sans plumes. Nous avions récemment une votation sur la révision de la loi sur la chasse et la protection des animaux sauvages. Cette révision avait été tordue par le parlement afin d’affaiblir la protection des prédateurs. Suite à une intense campagne politique des ONG, le peuple a refusé cette révision. Il convient de continuer à cultiver cette sensibilité du peuple suisse en faveur de sa nature.
Dominique Bourg
Venons-en à Robert Hainard. Comment l’avez-vous connu ?
Philippe Roch
J’ai été très proche de lui. Je l’ai connu d’abord par son œuvre d’artiste. Il a développé une technique particulière pour créer des estampes imprimées à partir de planches de bois, une planche par couleur dont les nuances sont rendues par des variations très fines d’épaisseur. Pour moi ces estampes révèlent l’âme des animaux et de leurs biotopes. Il ne l’aurait pas dit ainsi, mais ces représentations sont à mes yeux éminemment spirituelles.
Et c’est tout d’abord passé par l’école primaire car nous recevions comme distinctions de médiocres reproductions de ses estampes. Cela vous montre à quel point il était connu localement. J’ai assisté à ses conférences et j’ai fini par l’approcher à l’occasion de mes combats pour la nature. Nous avions par exemple combattu ensemble contre un projet de contournement autoroutier de Genève. Il avait à cette occasion offert un dessin qui a servi de support à la campagne. Puis à partir de ce moment nous avons noué un dialogue philosophique et il lui arrivait me demander conseil. J’ai gardé quelques lettres de lui que je préserve comme des reliques. Je l’ai beaucoup aimé. J’ai bien connu aussi Germaine, son épouse, une valaisanne, artiste également. Ils s’étaient connus très jeunes et sont restés 70 ans ensemble. Leur relation était d’une grande complicité et j’ai souvent surpris Robert écoutant attentivement, presque craintif, sa critique parfois vive, mais toujours bienveillante d’une œuvre ou d’un texte qu’il lui soumettait. J’ai beaucoup aimé, admiré et même un peu jalousé ce couple d’exception.
Robert et Germaine Hainard, photographie d’André Molinier
Dominique Bourg
Pouvez-vous nous situer plus précisément dans le temps Robert Hainard.
Philippe Roch
Il est né en 1906, et Germaine 4 ans avant, et il est décédé la nuit de la tempête Lothar, le 26 décembre 1999 ! Je fais le rapprochement avec le rideau du Temple qui se déchire le Vendredi Saint. Cet homme qui était la nature incarnée décède, et patatras, ça pète ! Tout un symbole !
Dominique Bourg
Robert Hainard n’est pas seulement un peintre, un artiste animalier, mais un observateur en empathie profonde, et aussi un penseur.
Philippe Roch
Il s’est fondu dans la nature. Il y était tellement intégré qu’il parlait de « possession », un concept qui n’a rien à voir avec une possession matérielle ; c’est l’artiste qui possède, ou qui est possédé.

« Je suis l’homme naturel, la nature, Pan, le blaireau, en révolte contre le raisonneur qui l’étouffe en chacun de nous.»[i]
Robert Hainard
Dans sa maison une armoire, que j’appelle le tabernacle, contient 30’000 croquis qu’il a pris sur le vif. Quand il dessinait, il devenait lui-même l’animal dont il vivait les mouvements dans ses propres muscles. Ses croquis sont révélateurs de cette identification. Il a passé des centaines de nuits, au clair de lune, près de chez lui au bord du Rhône, ou dans les forêts du Jura gessien à l’affût. Et aussi dans les forêts primaires d’Europe de l’Est à la recherche des bisons, des ours et des loups. Par analogie avec Thoreau et Naess auxquels je l’associe volontiers, j’aime à dire que la cabane de Hainard était son atelier de Bernex qui vibre encore aujourd’hui de sa présence.

Dominique Bourg
Hainard a aussi été un penseur de la nature, et pas à n’importe quel moment. Il a compris très tôt, avec d’autres pionniers, que nous étions en train de devenir des destructeurs à grande échelle de nature. Pouvez-vous nous présenter sa pensée ?
Philippe Roch
Face à cette destruction, il s’est posé des questions fondamentales. Pourquoi détruisons-nous en tant qu’humanité cette nature à laquelle nous appartenons ? Pouvons-nous changer cet état de choses en réveillant au cœur des humains un irrésistible besoin de nature ? Il s’est tourné, en quête de réponse, vers les philosophes de la tradition. Il a cherché chez eux des éléments pour construire une philosophie de la nature. Et il n’a pas trouvé. Il a lu Kant, Bergson, et d’autres. Il a eu le sentiment que ces auteurs ne partageaient pas avec lui l’expérience intime, directe, de la nature. Leurs travaux lui paraissaient rester purement intellectuels.
« Vouloir faire entrer le souci de la nature dans les philosophies actuelles, c’est se condamner à l’échec, car elles ont toutes été conçues contre la nature. »[ii]
Robert Hainard
Photographie de Nicolas Crispini
Le constat de Hainard sur l’absence d’intérêt pour la nature chez les philosophes est vigoureusement confirmé par Catherine Larrère, grande spécialiste de l’histoire de la pensée écologiste qui déclare que pour les philosophes qu’elle a étudiés lors de sa formation académique, la nature n’existe pas, qu’elle est une abstraction métaphysique. C’est en rencontrant John Baird Callicott en 1992 qu’elle s’est ouverte à l’idée « qu’est venu le temps d’un nouveau rapport à la nature, harmonieux et non plus conflictuel, et qu’il importe aux philosophes d’en exposer les grandes lignes ». Je lui ai envoyé Le penseur paléolithique, mais je n’ai pas reçu de commentaire de sa part à ce jour.
Fort de ce constat Hainard a cherché à faire entrer la nature en philosophie. C’est dans ce même but que j’ai exposé sa philosophie dans Le penseur paléolithique (Labor et Fides, 2014). Il se référait lui-même au Paléolithique comme modèle d’une humanité peu nombreuse, dans une immense nature libre et sauvage. Ses estampes ne sont pas sans rappeler les œuvres splendides des grottes de Lascaux, Chauvet et autres.
« Je verrais avec faveur le retour à une situation paléolithique, une humanité pas trop nombreuse vivant des surplus d’une Nature puissante, armée d’un outillage beaucoup plus efficace que le silex mais guère plus encombrant. »[iii]
Robert Hainard
Je publierai en 2022 une nouvelle édition revue et augmentée de mon Penseur paléolithique (Labor et Fides). J’essaie de montrer dans ce livre que les concepts philosophiques de Hainard méritent d’être étudiés et partagés, et je rêve que sa pensée soit prise au sérieux et analysée par des philosophes classiques, si j’ose dire, et dans les universités.

Dominique Bourg
Pouvez-vous, ce que vous faites dans votre deuxième livre sur Hainard, présenter des aspects particuliers de sa pensée ?
Philippe Roch
Le premier aspect sur lequel j’aimerais attirer l’attention, c’est la question on ne peut plus classique : qu’est-ce que la nature ? Un chapitre du livre est consacré à la tension entre nature et culture. Pour Hainard, nous faisons partie de la nature ; nous sommes ainsi de et dans la nature. Mais il disait aussi que la nature sauvage, c’est l’autre, c’est le monde qui évolue de lui-même. C’est qu’à partir des Lumières la Raison a, en quelque sorte, pris le dessus et nous avons comme créé un monde humain en dehors du monde naturel. Dès lors s’est établie une tension entre l’humain et la nature libre à l’intérieur de la nature-totalité ; et cette nature-autre, qui vit par elle-même, est comme un miroir qui nous révèle la part de nature en nous ; elle nous permet de nous situer, de nous replacer au bon endroit.
« L’homme est aussi un être dans la nature. Sa structure intime, qu’il le veuille ou le nie, en porte le sceau. En un sens, la nature libre est en lui. En la refoulant partout, c’est lui-même qu’il atteint.»[iv]
Robert Hainard
Son travail de sculpteur a révélé à Hainard l’importance qu’une action puissante soit équilibrée par une résistance externe, la matière. S’il n’y a pas cette résistance, nous risquons une échappée intellectuelle qui s’écarte loin de la réalité concrète. C’est pourquoi s’adressant à Kant, il lui demandait : « Mais où est ta matière ? » Par ailleurs si notre action sur le monde est trop puissante, sans modération, nous risquons de l’écraser, de le détruire. Alors vient chez Hainard cette conviction qui le rapproche de l’écopsychologie : il faut porter l’équilibre en soi.
« La main droite du sculpteur pousse l’outil dans le bois, la main gauche le retient…Nous ne devons pas être des brutes rationnelles et techniques, pesant aveuglément sur les choses et comptant sur leur résistance mais porter l’équilibre en nous. »
Robert Hainard
Mon livre place Hainard dans la lignée des penseurs de la nature, parmi lesquels Rousseau, Humboldt, Thoreau, les romantiques, Reclus, Leopold, Naess, Dorst et son ami Philippe Lebreton, physicien et écologiste historique.
Un autre aspect est sa conscience de ce que la croissance nous conduit au précipice. Et il parle de cette question de croissance dès les années 40 ! Il proclame déjà la nécessité d’une morale à la hauteur de notre puissance, un prélude au Principe responsabilité de Hans Jonas.
Dominique Bourg
La critique de la croissance semble l’avoir accompagné quasiment toute sa vie ?
Philippe Roch
Oui, absolument. Il était aussi très clair sur la question de la croissance démographique. Là encore, c’est l’observation de la nature et sa proximité qui lui ont servi de référence. Certaines espèces se reproduisent lentement et vivent longtemps. Les aigles par exemple. Les renards auront des portées plus importantes et les grenouilles pondent des milliers d’œufs, mais la mortalité naturelle fait que leurs populations respectives demeurent grosso modo numériquement stables. Et durant l’essentiel de l’histoire l’humanité elle-même n’a connu qu’une croissance démographique lente. Puis la science, la médecine, l’hygiène, l’alimentation ont changé la donne, sans que l’humanité apprenne parallèlement à maîtriser sa reproduction, pour choyer et protéger mieux une descendance de remplacement, et ce fut l’explosion de la démographie mondiale.
N°580 Renarde allaitant, de face
Dominique Bourg
Des visées militaires n’y ont sans doute pas été étrangères …
Philippe Roch
Hainard quant à lui n’hésitait pas à parler de « prolifération cancéreuse », puisqu’elle aboutit à des situations dramatiques. C’était un de ses combats. Dans les années 70, le Club de Rome et toutes les organisations écologiques alertaient sur ce sujet. Mais depuis lors la croissance démographique est devenue tabou et il n’est même plus question de reconnaître le rôle de la démographie humaine dans la destruction de la biodiversité mondiale. J’ai moi-même été traité de raciste pour avoir évoqué ce sujet ! C’est un comble puisque le meilleur moyen que je préconise pour tendre à stabiliser la population humaine à un taux compatible avec la Planète, sans aucune contrainte, consiste à offrir des conditions de vie décentes aux populations les plus pauvres et à promouvoir l’émancipation des femmes dans toutes les sociétés pour qu’elles aient le libre choix du nombre d’enfants qu’elles désirent avoir.
Dominique Bourg
Quelles étaient les positions de Hainard sur le sacré et la religion ?
Philippe Roch
Son père se revendiquait anarchiste, au sens pacifiste d’un Élisée Reclus, ce qui a donné à Robert une grande autonomie de pensée. Il se disait agnostique, mais profondément religieux dans sa relation à la nature. Mais il était réticent à utiliser le mot spirituel parce qu’il lui apparaissait lié à des traditions religieuses qu’il jugeait dogmatiques et anthropocentriques.
« J’avoue être essentiellement religieux, si l’on peut entendre par là vivre essentiellement d’adoration, de communion et du sentiment d’une mystique unité de toutes choses.»[v]
« Dieu, c’est l’univers éprouvé sympathiquement. »[vi]
Robert Hainard
Dominique Bourg
Hainard était dans le Genevois très connu. Quelles étaient ses positions politiques propres, s’il en avait, et comment était-il perçu politiquement ?
Philippe Roch
Il n’avait pas de position partisane. Il était très connu et reconnu à Genève comme l’homme de la nature. Dans le reste de la Suisse et en France il était surtout connu des naturalistes. Les sujets politiques sur lesquels il s’exprimait en revanche volontiers étaient des projets particuliers, qui menaçaient un espace naturel comme la construction d’un barrage, d’une autoroute ou le drainage de zones humides. Il ne se situait guère en fonction de l’alternative gauche-droite. Il n’était ni conservateur, ni révolutionnaire, simplement pragmatique et libertaire. C’est vrai qu’aujourd’hui en lisant les grands auteurs de l’anarchisme non-violent – Bakounine, Kropotkine, Reclus -, j’y retrouve Hainard. Mais je n’ai pas eu l’occasion d’en parler avec lui.
Pour la bibliographie de Ph. Roch : https://www.pirassay.ch/livres
[i] Hainard Robert (1943) Et la nature ? Réflexions d’un peintre, Gérard de Büren, Genève, p 81
[ii] Hainard Robert (1972) Expansion et Nature, Le Courrier du Livre, Paris, p 18
[iii] Hainard Robert (1976) Lettre à Jeanne Hersch, décembre 1976, Fondation Hainard
[iv] Hainard Robert (1946) Nature et mécanisme, Griffon, Neuchâtel p 19
[v] Hainard Robert, Et la Nature ? Réflexions d’un peintre, Gérard de Büren, Genève, 1943, p 54
[vi] Hainard Robert (1946) Nature et mécanisme, Griffon, Neuchâtel p 96