Cet appel à propositions est coordonné par Christophe Abrassart (Université de Montréal) et François Jarrige (Université de Bourgogne-IUF)
QUESTIONNEMENTS GÉNÉRAUX
Smart Grids, robotique agricole, promesses biotechnologiques, intelligence artificielle et autres avatars high-tech contemporains, l’ingéniosité humaine et les promesses technologiques prolifèrent plus que jamais en suscitant un grand nombre d’attentes et d’espoirs. L’ampleur des crises environnementales ne fait plus aucun doute, le réchauffement climatique est devenu un constat scientifique et une expérience partagée et presque universellement acceptée, dès lors l’enjeu n’est plus de débattre à l’infini de l’ampleur et de la réalité des crises écologiques contemporaines, il s’agit désormais d’imaginer des réponses et d’instaurer des choix sociopolitique susceptibles d’affronter ces défis inédits. Dans ce contexte, les nouvelles technologies sont souvent mobilisées dans une mise en récit quasiment magique du « développement durable » : grâce à elles nous pourrions résoudre la crise écologique tout en maintenant nos modes de vie et la croissance de nos économies. C’est là que les débats et les oppositions ressurgissent avec force.
Or les impacts écologiques et environnementaux de nos systèmes techniques, de nos appareils de production mondialisés et de nos styles de vie consuméristes sont bien connus et semblent irrésistiblement s’accroitre avec l’obsolescence programmée et le mécanisme d’effet rebond, malgré les discours rassurants vantant les « technologies vertes », la soi-disant dématérialisation de l’économie numérique (qui est très matérielle !) ou la nouvelle croissance à base de high-tech. Un constat qui conduit certains à formuler un appel pour une décélération de la transition numérique et pour un « luddisme écologique » (Laurent, 2019). La surexploitation des milieux et des métaux, de l’énergie, les rejets croissants de déchets et de polluants omniprésents, tout cela est le résultat de notre rapport à la technologie et de nos trajectoires techniques passées et présentes. Pourtant, en dépit de ces constats, les principales réponses proposées par les Etats, les entreprises comme les scientifiques aux défis écologiques actuels consistent toujours dans une relance de la recherche et de l’innovation high-tech, dans une multitude de solutions techniques confinant à l’utopie futuriste. Le penseur critique de la société numérique Evgeny Morozov, dans la foulée des réflexions plus anciennes d’un Jacques Ellul ou d’un Ivan Illich, a insisté sur les limites de ce « solutionnisme technologique » qui transforme tout enjeu social ou politique en problème à résoudre au moyen du bon outil technique (Morozov, 2016). Aujourd’hui, la réflexion sur les enjeux sociaux est en effet noyée par l’attrait de la nouveauté et une rhétorique proliférante de l’innovation high-tech largement portée aujourd’hui par le tournant numérique. Qu’il s’agisse des algorithmes prédictifs pour lutter contre la délinquance, des outils du quantified self (données personnelles) pour assurer une santé préventive et personnalisée, ou des « technologies vertes » face à la crise environnementale, partout les techniques doivent résoudre les problèmes en offrant des solutions censées être rassurantes et consensuelles.
Mais cet imaginaire dominant du high-tech, par ses multiples effets de cadrage,bloque et restreint plus qu’il n’élargit le champ des possibles. Un élargissement des imaginaires et des paradigmes de conception doit être opéré de façon urgente face à la crise environnementale, par-delà les ordres de discours, les dépendances de sentiers et les jeux de pouvoir. Il existe par exemple une riche tradition critique d’inspiration marxiste qui a montré combien les innovations techniques de l’ère industrielle étaient moins le choix du plus efficace ou du plus rationnel que celui de la puissance et du pouvoir (Hornborg, 2001). D’autres travaux nourris d’écologie et d’attention aux enjeux environnementaux ont souligné combien les high-tech contemporaines reposaient sur la consommation d’importantes quantités de ressources pourtant limitées, et sur des pollutions de plus en plus massives tout au long de leur cycle de vie (Pitron, 2017 ; Jarrige et Le Roux, 2017, The Shift Project, 2018). A contrario, de nouveaux champs d’expérimentation collective prêtant beaucoup plus d’attention aux dimensions sociales, urbaines et communautaires, comme l’économie circulaire par exemple, permettraient selon certains de régénérer le champ des possibles, et d’ouvrir un nouveau mythe rationnel (Hatchuel, 1998) offrant de nouvelles perspectives pour les low-tech.
Ce dossier de la revue La Pensée écologique invite donc à ouvrir la boite noire des technologies et à penser la question technologique à l’heure de la crise environnementale globale. La « problème de la technique » est en effet omniprésent dans les imaginaires et les pratiques contemporaines, tout en demeurant largement occulté, traité avec simplisme ou laissé aux seuls experts techniciens, comme si la technologie avait une signification évidente et ne devait pas être questionnée. C’est à ce projet que se propose de contribuer ce dossier, en interrogeant la question des low-tech, dans la continuité des riches réflexions menées notamment en France par l’ingénieur Philippe Bihouix (Bihouix, 2014).
Il s’agira donc de penser les contours de l’expression low-tech et de ses équivalents dans une perspective généalogique attentive aux débats, enjeux et controverses qui définissent ce qu’on appelle les techniques. Tenter une généalogie du low-tech c’est en effet réaliser une enquête sur ses problématisations historiques, actuelles et prospectives, en les confrontant aux doctrines et pratiques variées de conception et d’éco-conception (ex. d’ingénieurs, d’agronomes, de designer, d’architectes, d’urbanistes). Il s’agira en second lieu de revenir sur les enjeux environnementaux soulevés par les choix techniques contemporains, d’interroger et dénouer les liens qui relient l’effondrement environnemental, la question des technologies et celle de la résilience. A travers les low-tech, c’est aussi la question du travail qui sera pensée, mais aussi celle du corps comme socle d’expériences sensibles, et de l’accélération des rythmes de vie contemporains.Interroger les Low Tech dans la diversité de leur forme implique aussi de penser de façon critique les innombrables promesses high-tech et leurs limites, pour réinvestir autrement l’expression d’innovation, devenue un mot valise omniprésent (Godin, 2015), sous une forme plus sociale et collective. Il s’agira enfin, et peut-être surtout, de tenter de dresser les contours d’un monde technologique permettant une soutenabilité forte de la planète, à partir d’une réflexion sur la sobriété technologique, les styles de vie et le design des objets.
AXES DE RÉFLEXION (Proposition non exhaustive, d’autres propositions pouvant être soumises)
Penser les low-tech dans ses différentes dimensions soulève évidemment de nombreux enjeux complexes au croisement de plusieurs disciplines. Nous proposons de distinguer quatre axes principaux :
Axe 1 : Généalogie et histoire des Low-Tech
L’intérêt pour les low tech s’inscrit dans une longue généalogie de réflexions sur les trajectoires et les choix techniques. L’idée de low-tech participe en effet d’une série de débats anciens sur les significations et les formes des technologies qui n’ont cessé de modeler la société industrielle depuis deux siècles. Cette catégorie propose de penser les dimensions politiques des technologies contre le thème classique de leur neutralité ou du renvoi aux seuls usages (Winner, 2002). La question a surgi avec une force particulière dans les années 1960-1970 alors que l’ancien monde industriel taylorien et ses technologies lourdes semblaient entrer en crise. Beaucoup ont alors cherché à définir ce que seraient des technologies douces. Qu’il s’agisse des technologies « intermédiaires » (E. F. Schumacher), « libératrices » (M. Boochkin), « démocratiques » (L. Mumford) ou encore « conviviales » (I. Illich), il s’agissait d’imaginer des trajectoires techniques à petite échelle, décentralisées, sobres en énergie, respectueuses de l’environnement et à forte utilisation de main-d’œuvre.
S’émancipant des alternative trompeuses et trop binaires en terme de refus ou d’acception des techniques, ces auteurs et beaucoup d’ingénieurs et d’expérimentateurs avec eux, ont tenté de penser ce que serait des dispositifs à la fois socialement bénéfiques, écologiquement durables et politiquement démocratiques. Le low-tech et ce qu’il recouvre ne cessent de se réinventer et de se modifier, il s’inspire du passé et de ses mondes techniques sur lesquels il s’appuie, pour le revisiter et le réinterpréter au gré de la créativité des acteurs sociaux et de mode de réappropriation plus sophistiquées.
Contre l’idée que les techniques seraient neutres et que seul leur usage définit leur sens, les théoriciens et promoteurs des technologies douces – qui ressurgissent aujourd’hui sous le terme low-tech– considéraient qu’il ne suffit pas d’intervenir par la fiscalité, le droit ou les prix pour réguler les changements, c’est le type même des technologies et des infrastructures matérielles utilisées qui devait être interrogé.
Axe 2 : Expérimentations actuelles et dispositifs Low-Tech
Le second axe de réflexion vise à ouvrir plus directement la boite noire de ces Low tech en interrogeant à partir de cas situés les questions de leur forme actuelle, de leur design, de leurs conditions de possibilité.
Il s’agira ici d’interroger le potentiel génératif du low-tech à partir de compte-rendus d’expérimentations concrètes à l’image de celles conduites en France par l’association l’Atelier paysan autour des techniques agricoles, de celles des associations luttant contre l’obsolescence programmée (ex. HOP, ateliers de réparations communautaires), d’initiatives citoyennes en économie circulaire ou de hackathons écologiques (ex. POC21), ou encore de circulation internationale de techniques et de savoirs low-tech. Il s’agira de scruter des dispositifs et objets singuliers en croisant l’étude des acteurs qui les porte, leur organisation et la manière dont l’idée de low-tech est mobilisée dans les raisonnements de conception, les modalités de leur réception, les singularités de leur design, mais aussi les modes de relations qu’ils inaugurent à l’égard du monde, des agents humains qui les manipulent comme des milieux physiques qui les accueillent.
Derrière les low-tech s’invente et s’expérimente aussi un autre rapport aux savoirs scientifiques, à l’écart d’une technoscience façonnée par les grands groupes industriels et les enjeux financiers. Dans le domaine agricole par exemple, la permaculture et l’agroécologie tirent tout autant leur inspiration de pratiques dites traditionnelles que de sciences des écosystèmes, invitant à une attention renouvelée aux interactions entre les êtres humains et leur environnement.
Axe 3 : Perspectives disciplinaires et professionnelles sur les Low-Tech
En troisième lieu, nous proposons d’explorer comment le thème des low-tech interpelle les identités et les pratiques professionnelles ? Le low-tech peut-il être générateur de nouveaux outils et de nouveaux paradigmes de conception, de planification, d’aménagement ou de politiques publiques, pour accélérer la transition écologique dans des secteurs aussi variés que l’agriculture, les transports, l’habitat, les loisirs, les communications, l’énergie, la finance (cf. Bihouix, 2014) ?
De William Morris au XIXe siècle à Victor Papaneck un siècle plus tard, l’histoire du design est jalonnée de prises de position politiques. Comment le low-tech réinterroge-t-il le design et l’écodesign? Les disciplines de l’ingénieur sont bien normalisées. Une école d’ingénieur en « génie du low-tech » pourrait-elle voir le jour ? Quels seraient ses savoirs et ses modèles fondamentaux ? Face à la Raison technicienne, De Certeau souligne que l’homme ordinaire « invente le quotidiengrâce aux arts de faire, ruses subtiles, tactiques de résistance par lesquelles il détourne les objets et les codes, se réapproprie l’espace et l’usage à sa façon ». Pour un anthropologue ou sociologue des techniques, comment le low-tech permet-il un autre régime d’intéressement ? Un réinvestissement du corps et du geste dans l’appropriation des choses ?
Les low-tech pourraient par ailleurs bousculer des secteurs économiques complets comme les transports, l’industrie, ou la finance. Comment les économistes peuvent-ils intégrer ces mutations dans leurs modèles ? Les systèmes de production, de distribution et de consommation alimentaire font aujourd’hui l’objet de multiples expérimentations écologiques alternatives à l’agro-alimentaire dominant. Quelle serait la boite à outil de l’agronome low-tech ? La smart city high-tech devient un paradigme dominant pour l’organisation des villes, y compris pour la transition écologique. Comment un urbaniste ou un architecte low-techpiloterait la transition écologique d’une grande ville ?
Axe 4 : Prospective de la conception durable par le Low-Tech
Enfin, un quatrième axe de réflexion vise à mettre en perspective les projets et expérimentations low-tech envisagées précédemment au regard des enjeux écologiques contemporains. Il s’agit notamment d’anticiper de manière critique quelles pourraient être les problématisations les plus prometteuses des low-tech pour la conception, les controverses associées, et les stratégies de réappropriation de cette catégorie. Voici quelques pistes.
– Low-Techet résilience. Le discours sur la résilience et l’adaptation face au changement climatique est très investi par les high-tech qui y trouve un champ d’application privilégié. Cependant ces technologies participent aussi à la crise environnementale et peuvent être vulnérable en cas de crise grave. Comment les low-tech ouvrent un autre paradigme de la résilience ?
– Low-Tech et économie circulaire : le low-tech comme critère de robustesse du fonctionnement d’une boucle de valeur circulaire (ex. en textile, alimentation, objets du quotidien)
– Low-Tech comme « Low impact tech » pour une fonction donnée, dans le raisonnement d’éco-conception réglée de l’ingénieur, qui consiste à minimiser les impacts en Analyse de cycle de vie (ACV), à la différence d’une perspective d’une transformation créative des styles de vie explorée par un designer.
– Low-Tech et économie de la fonctionnalité. Comment le low-tech peut-il se conjuguer à l’économie de la fonctionnalité pour stimuler la conception de solutions de services durables ? Cette association peut-elle conduire à la redéfinition des fonctions des biens et services ?
– Low-Tech comme « Slow-Tech » visant à explorer les valeurs sensorielles et somatiques de la lenteur, de la polyrythmie et de ses potentiels pour réinventer une mobilité expérientielle et des styles de vie durables dans une approche de design fiction.
NATURE DES CONTRIBUTIONS
Les propositions peuvent provenir de chercheurs issus de milieux académiques ou assimilés et de praticiens. Le champ est ouvert à toutes les disciplines, mais nous accueillerons aussi d’autres types de textes : des récits et témoignage, voire des fictions.
ÉCHÉANCIERS
Les textes sont à envoyer à lapenseeecologique@gmail.com
15 avril 2019 : lancement de l’appel à contributions
30 juin 2019 : date limite d’envoi des propositions sous la forme d’un texte de 600 mots maximum, comprenant un titre provisoire, 5 mots clés, la mention d’un cadre théorique, d’un ancrage disciplinaire, une problématique, la présentation d’une méthode et le type de résultats attendus. Les propositions doivent être adressées à l’adresse mail suivante: lapenseeecologique@gmail.com
15 septembre 2019 : avis d’acceptation ou de refus des contributions aux auteurs – envoi des recommandations aux auteurs
15 décembre 2019 : date limite de réception des textes conformes aux recommandations aux auteurs.
15 janvier 2020 : réponse définitive aux auteurs et transmission des rapports des évaluateurs
15 mars 2020 : réception des textes révisés
avril/mai 2020 : mise en ligne du dossier thématique
BIBLIOGRAPHIE
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