Dominique Bourg : André, vous êtes un paysan chercheur, un agriculteur inventeur, ingénieur. Pouvez-vous vous présenter succinctement ?
André Goudin : D’une lignée de paysans de père en fils, autodidactes et chercheurs passionnés, je suis né en 1946 en Ille-et-Vilaine, à la limite du Morbihan, en bordure de cette immense et mystique forêt de Brocéliande de 10’000 hectares. Dès l’âge de 14 ans, après mon certificat d’études, mes parents souhaitaient me voir prendre la succession de leur ferme. À ce moment-là, mes parents n’ayant plus d’employés, ont souhaité que je reste travailler à la ferme pour les remplacer. C’est ainsi que j’ai bénéficié d’un apprentissage par mon père qui avait un grand savoir inné et savait le transmettre.

D. B. : Êtes-vous breton ?
A. G. : La ferme où je suis né est située en Bretagne au cœur de Brocéliande. J’étais voisin du tombeau de Merlin l’Enchanteur et du lac de la Fée Viviane au château de Comper.
La devise de mon père était : observation, imagination et bon sens. Les activités devaient naturellement allier respect, autonomie, économie et qualité. Ses pratiques en faisaient la personne référent auprès de nombreuses personnes pour ses conseils divers : achat de bétail et de matériel.
Bien que les travaux de la ferme ne m’aient pas correspondu, j’ai fini par accepter, mais ce n’était pas de bon cœur, il fallait bien travailler ! Même si je laissais mes rêves, notamment la passion de la mécanique. Par tradition le fils était désigné pour prendre la ferme.

D. B. : Petite parenthèse il y a eu un incendie cet été dans la forêt de Brocéliande.
A. G. : Oui, à l’été 2022, à une quinzaine de Km du Lac de la Fée Viviane, sur les départements 35-56, un incendie a affecté 480 ha. Il semblerait que là il y a eu un enfant en cause. Il y aurait eu quelqu’un d’autre ? C’est ce que j’ai entendu !
D. B. : Et vous n’aviez jamais vu ça ?
A. G. : Malheureusement oui, il y a déjà eu des incendies au sud de la forêt. En 1976, il y eut un incendie très important près de chez moi. J’habitais à 800m, je n’ai pas vu le gars allumé l’incendie, l’ai vu passer en mobylette sans penser qu’il avait fait ça et j’ai moi-même appelé les pompiers. En 1990 plus de 700 hectares ont été détruits par deux incendies dans le secteur du Val Sans Retour.
En 2021 il y a eu 7 hectares de brûlés dans le camp militaire de Saint Cyr Coëtquidan. Un autre incendie s’est déclaré dans le camp de Coëtquidan (Morbihan) dans l’après-midi du samedi 18 juin 2022 (origine inconnue ?).

D. B. : Fermons la parenthèse des feux. Vous avez donc été essentiellement formé par votre père ?
A. G. : Oui en quelque sorte, j’ai appris avec lui le métier de paysan en Bretagne. J’avais des parents très pédagogues, sachant transmettre leur savoir-faire, ayant le goût du travail bien fait et très innovants.
Ma curiosité m’incitait à leur demander pourquoi ils travaillaient différemment des voisins. À chaque question, j’avais une réponse avec des détails entre les avantages et les inconvénients techniques et économiques, ou autres…
Mon père m’a enseigné les rudiments des métiers de menuisier, charpentier, tonnelier, charron, mécanicien, afin d’être autonome dans le futur. Espérant que je reprendrais la ferme, il m’a appris le métier de paysan en polyculture/élevage, à conduire les attelages de chevaux de trait.
Il m’a également appris à observer la terre, comment la travailler en fonction des saisons. Chaque semis ou plantation avait une explication technique, de la vie du sol à son équilibre sanitaire, sa structure, son aération, sa perméabilité, les parasites et les herbes indésirables.
Connaissant la compatibilité entre les plantes, mon père attachait énormément d’importance à la rotation des cultures (harmonie et alternance) sur un même terrain, ceci afin d’entretenir la fertilité, améliorer les rendements des végétaux, et la qualité de l’alimentation animale. Après avoir préparé le sol, il conseillait de ne jamais faire les mêmes cultures au même endroit. À 22 ans, j’ai repris la ferme familiale.
D. B. : Pourriez-vous décrire succinctement l’exploitation des parents ?
A. G. : En 1944, mes parents ont loué cette ferme de vingt-huit hectares, propriété des employeurs de ma mère, en bordure de la forêt de Brocéliande et de carrières, avec des terres de qualité médiocre.
Dès leur nouvelle installation, ils ont entrepris, à leur compte, de nombreux travaux d’aménagement et de réorganisation des bâtiments et des terres. La ferme était en très mauvais état (état des lieux de 1944). Le relevé cadastral, avec les 109 parcelles au total, étaient identiques au cadastre de 1860.
En 1956, les travaux de mon père ont été reconnus par le ministère de l’Agriculture, il a reçu le 1er prix pour la tenue des fermes, puis a été décoré Chevalier de l’Ordre du Mérite Agricole. La ferme a été reconnue ensuite comme ferme pilote.
D. B. : Est-ce à ce moment-là que vous décidez de passer à une agriculture plus intensive ?
A. G. : Oui aussitôt installé. J’ai beaucoup apprécié ce qu’ont été mes parents paysans, mais en même temps, en 1968, à 22 ans, je voulais être «moderne» comme on dit.
Et, comme à toutes les époques, il y a des «modèles» de ce qui est «bien vu» de faire ou pas ! J’ai donc fait le choix de développer une agriculture intensive, je pensais que les traitements conventionnels étaient une meilleure solution pour obtenir un sol fertile. C’était alors le modèle « moderne ». J’ai vite compris que j’épuisais mes sols. J’ai fini par constater des aberrations techniques, économiques et environnementales.
Il me fallait travailler et investir toujours plus alors que les terres s’appauvrissaient et que ma situation financière se dégradait. Une évidence : l’origine des problèmes sanitaires se trouvait dans ma terre.
Elle s’engorgeait vite lors de fortes pluies et empêchaient le développement racinaire, ainsi qu’une bonne circulation de l’eau et de l’air.
Les conséquences de l’utilisation des produits chimiques de synthèse, dont l’azote ammoniacal et le lisier dans la terre accentuent la dégradation, le développement des herbes indésirables, l’assèchement de sa structure, la pollution et entraîne la disparition de la vie microbienne.
D. B. : C’était en 1976 !
A. G. : Oui, après quatre à cinq ans, en 1974/1975, je commence à prendre conscience d’avoir pris une mauvaise direction. Je rencontre des ennuis sur mes cultures et avec mes animaux. Je me rendais compte que mon sol devenait de plus en plus compact. C’est devenu un cycle infernal, achat de matériel de plus en plus puissant et très onéreux. Il me fallait travailler et investir toujours plus alors que les terres s’appauvrissaient et la situation financière continuait de se dégrader. Il en résultait un cycle infernal. Malgré des réussites apparentes, les problèmes sanitaires sur les animaux s’intensifiaient avec une résistance de 100% aux antibiotiques. Je notais de plus en plus de résistance aux produits phytosanitaires sur mes cultures. Les coûts de production étaient de plus en plus élevés.
J’avais l’impression de servir tout un système et de ne plus être le patron chez moi. Et j’ai donc choisi de changer d’orientation.
D. B. : À partir de cette prise de conscience, comment faites-vous évoluer votre exploitation ?
A.G. : En 1976 je décide d’arrêter définitivement la culture de maïs et de ray gras d’Italie, pour les remplacer par des plantes qui participent à l’amélioration de la vie du sol.
Me reviennent alors toutes ces années d’apprentissage auprès d’un père qui avait cette connaissance innée et approfondie des lois de la nature.
Elles vont être mes plus grands atouts pour me sortir du productivisme, en traitant les causes et non les effets.
Résultats : Au fur et à mesure que je travaillais naturellement sur l’équilibre agronomique du sol, mes cultures et l’état sanitaire de mes animaux s’amélioraient progressivement.
J’avais la satisfaction de créer mes produits, de participer au maintien d’un environnement sain et d’être autonome.
En moins de cinq années de recherches, ma ferme devient à nouveau la référence et, cette fois, en production 100% naturelle.
J’ai enfin pu redresser la barre et surtout obtenir des résultats « technico-économiques » et sanitaires bien supérieurs à l’intensif en Ille-et-Vilaine.
Ma pratique d’une agriculture saine et naturelle m’a permis de faire face aux prêts contractés lors de ma période de production intensive.
Voici le bilan : 1986, référencé par les institutions suivantes, j’ai obtenu des résultats sanitaires et économiques supérieurs à la moyenne du système conventionnel :
- Les Statistiques DIRECTION Départementale de l’Agriculture et Forêt (DDAF Ministère de l’Agriculture)
- Le Service Régional de la Protection des Végétaux (SRPV Ministère de l’Agriculture)
- Les Etablissements Départementaux d’Elevages des Chambres d’Agriculture d’Ille Et Vilaine et Morbihan (EDE 35 et EDE 56)
- Le Service des Techniciens Agricoles Chambre d’Agriculture Côtes d’Armor
- Une dépollution réussie pour une production abondante et rentable.
Je travaillais moins pour un meilleur rendement, et un bénéfice supérieur !
J’avais la satisfaction de créer mes produits, de participer au maintien d’un environnement sain et d’être autonome.
En moins de cinq ans, ma ferme certifiée en agrobiologie me permettait d’être à nouveau la référence, en partie grâce au lupin.
Analysés par les services de la Répression des fraudes, les résultats sur les céréales n’indiquaient plus aucune trace organo-phosphorée, organo-azotée et organo-chlorée (nom collectif d’un groupe de molécules de synthèse qui, outre une composition organique, contiennent au moins un atome de phosphore, azote, chlore).
Résultats de mes recherches :
J’ai pu :
- Faire face aux prêts liés à l’intensif contractés auparavant
- Couvrir mes besoins du sol en azote organique
- Plus d’achat de soja, remplacé par le lupin
Quelques chiffres :
- Acquérir une résistance des céréales aux maladies : + 6 à 15 fois SRPV
- Résultat net/ha sur céréales : 802,35€ – Service Techniciens Agricoles Chambre d’Agriculture 22
- Le poids moyen des carcasses bovines était de plus 10 % (EDE 56)
- Revenu/ha de surface fourragère de plus 45% sur l’intensif (EDE 35)
- Carcasses de mes génisses livrées en direct à un boucher à raison de 2 par mois pour plus de 25 % de plus-value
- Rendement en porcelets meilleur que ceux de mon groupement et du département
- Economie de 70% de l’utilisation du tracteur.
- J’obtiens pour les vaches une économie de 30% de consommation de fourrage de moins que les élevages intensifs.
D. B. : Attendez, il y a une chose que je n’ai pas bien comprise. Les vaches ont mangé 30 % de moins. De quoi ?
A G. : Constat d’un technicien ingénieur EDE 35, mes animaux consommaient 30 % de moins de fourrage que les bovins des élevages intensifs. Un fourrage de qualité riche en matière sèche et équilibré nourrit plus d’animaux qu’un fourrage en quantité, mais pauvre en matière sèche, produit sur des terres déséquilibrées et polluées.
Comme mon père, je crois à la générosité d’une terre savamment travaillée, pour obtenir un végétal ancré dans ses racines. Soucieux de redonner force, autonomie et caractère à toute la plante, nous innovons sans cesse pour la qualité de nos récoltes et œuvrons à une économie plus saine et plus respectueuse de la planète.
D. B. : Vous vous êtes intéressé au lupin. Qu’en attendiez-vous ? A-t-il remplacé le soja ?
A. G. : J’ai remplacé définitivement le soja par le lupin. Je produisais uniquement des plantes, qui participaient à l’amélioration de la qualité du sol et de l’alimentation des animaux.
Le lupin : 2500 variétés recensées dans 55 pays, les graines les plus anciennes datent de 2000 ans avant Jésus Christ
Utilisé en consommation humaine, piscicole et animale, le lupin remplace les tourteaux de soja ou de colza.
Il a une forte teneur en protéines (+ de 40%), il est sans gluten et contient aussi des fibres (25,5%), des sucres (13,5%), des matières grasses (12,5%) et des minéraux (5,5%). Il se sème, se désherbe mécaniquement, se récolte et se stocke de la même manière qu’une céréale.
J’ai sélectionné et expérimenté une vingtaine de variétés en provenance de différents pays. J’ai découvert de nombreuses possibilités que m’offrait le lupin en fonction de chaque variété. Je me suis donc particulièrement intéressé au lupin pour ses nombreuses qualités.
Avant ou après récolte, il enrichit naturellement les sols pauvres, améliore leur structure, est un très bon précédent cultural. D’après des scientifiques Français et étrangers, une culture de lupin peut apporter dans un sol dégradé, squelettique, acide, jusqu’à 300 kg d’azote naturel, plus 100 kg de phosphate naturel extrait du sol et rendu assimilable, et 80 kg de potasse par ha et par an également…
C’est aussi une excellente plante très appréciée par les abeilles
D. B. : Et à l’époque, vous aviez combien de vaches laitières et quelle surface ?
A. G. : Au total, j’avais 41 hectares exploitables et 90 bovins, 40 vaches allaitantes plus la suite, en autonomie alimentaire totale.
Une rotation des cultures et un pâturage tournant bien maitrisée permet de nourrir tous les animaux de la ferme en complète autonomie. La connaissance et l’utilisation de la complémentarité des plantes font partie des techniques ancestrales souvent transmises de paysan à paysan.
D. B. : Et comment vous avez découvert le lupin ?
A: G. : Dans les années 80. Je cherchais un végétal, qui pouvait être consommé par les animaux pendant les périodes d’été et pouvait réduire mes coûts de production. Je trouvais complètement ridicule de stocker des ensilages pour donner aux animaux en été. Les ensilages herbes et maïs sont des conserves avec un coût de productions élevé. Et puis à force de calculer, le hasard a fait que j’ai découvert le lupin chez Philippe Desbrosses. Et puis j’ai découvert les merveilles du lupin.
D. B. : Nous sommes bien au début des années 80 ?
A. G. : En fait, mes réflexions datent d’avant les années 80. Dans les années 74-75, j’ai commencé à réfléchir, à remettre en cause mes systèmes de production et suis arrivé à faire de la bio sans le savoir et sans le vouloir vers 1980. Vers les années 1975, j’ai imaginé de nombreuses solutions qui me permettraient au mieux de trouver une plante de qualité, pouvant être consommée directement par les animaux dans le champ en période d’été afin de ne plus donner d’ensilage et réduire mes coûts de productions. C’est alors que j’ai découvert le lupin chez Philippe Desbrosses en 1980.
D. B. : Votre recherche était donc double, se rapprocher de la nature et de son fonctionnement, et tendre vers une agriculture autonome ?
A. G. : Oui, l’autonomie était fondamentale, une alimentation universelle autoproduite pour tous les animaux de la ferme. 100 % autonome, sauf quelques ingrédients afin de concevoir mes produits 100% naturels pour le sol : fertilisant bio stimulant azoté et intervenir sur le vitalisant pour semences minéralisant, répulsif et stimulant de la plantule.
D. B. : Vous avez dit que vous ne recherchiez plus la puissance, à la différence de vos voisins qui veulent tous de gros tracteurs, comme autrefois on avait un gros tas de fumier.
A. G. : Lorsqu’on cultive des plantes en volume comme le maïs le ray gras italien, exigeant en eau et en engrais, il faut du matériel de plus en plus puissant. Pour ma part, mes techniques de production naturelle m’ont permises de faire une économie de 70 % de puissance de tracteur. Selon mon expérience, j’insiste sur le fait que tout le travail de réflexion en amont est primordial, mais ne pas se laisser formater par un système.

D. B. : Et le labour ?
A. G. : A l’époque, on n’avait pas encore en vue cette question de labour. Mais ce que l’on faisait, c’était de labourer peu profond pour juste supprimer les mauvaises herbes avec les réglages minimaux de la charrue.
Si le labour a des inconvénients, il enfouit cependant les herbes indésirables qui vont rapidement se transformer en humus.
En bio, le semis direct avec un couvert végétal interdit le désherbage ultérieur. Il est donc impératif d’avoir une bonne gestion du couvert végétal, de l’équilibre naturel du sol, sinon les adventices pourraient devenir un problème majeur. Ce que j’ai pu constater chez des agriculteurs bio où les cultures sont envahies par les herbes indésirables avec un rendement misérable.
D. B. : À un moment donné, vous avez trouvé une sorte d’équilibre à la fois agronomique, économique, individuel. Là, on est au début des années 80. Entre ce moment là et aujourd’hui, quels seraient les changements auxquels vous êtes parvenu, les découvertes que vous auriez faites ?
A.G. : De mon père, j’ai hérité d’un don d’observation et de perception instantané des défaillances d’un sol. J’ai appris à en évaluer le comportement et en déduire les conséquences sur les cultures, les productions végétales et la santé des animaux. Cela avec des solutions correctives en lien avec le respect de l’environnement, l’économie, l’autonomie …
Alors me sont revenus les souvenirs de jardinage lorsque j’avais 9 ans avec mon père. Il m’avait transmis des conseils, ce qui a été un élément déclencheur en 1983 pour le début de création de mes produits 100% naturels et universels.
D’observations en expérimentations, j’ai mis au point un certain nombre de produits dont l’objectif est de nourrir, régénérer, dépolluer le sol.
Ces produits universels sont utilisables en Agriculture conventionnelle et/ou Biologique : Fertilisant bio-stimulant-organo-minéral-azoté, vitalisant pour tous types de semences et plants de végétaux. Protection contre les parasites du sol, contre les tipules, le fil rouge sur gazon. Minéral pour herbivores. Épandu sur le sol, il minéralise le sol et par voie de conséquence les plantes puis les animaux. Aliment pour les animaux de la ferme.
Pour pouvoir les produire, j’ai développé également des process industriels de fabrication. Une formulation a d’ailleurs fait l’objet d’un brevet qui a été cédé.
D.B. : En résumé quelle est votre méthode ?
A. G. : Lorsqu’on me demande d’intervenir pour des prestations, progressivement, je préconise et accompagne afin d’aller vers des productions naturelles, économes, autonomes, de qualité.
Pour établir un diagnostic précis, je prends en compte la nature du sol et les objectifs de production.
En particulier je réalise une lecture globale des sols, des cultures, des arbres et de la végétation environnante. J’ai largement expérimenté, le fait qu’une fertilisation et le vitalisant naturels favorisent :
- L’assimilation progressive des excédents de fertilisants et de produits chimiques de synthèse encore présents dans le sol.
- La vie du sol, son équilibre sanitaire, sa structure, son aération, sa perméabilité, sa résistance à la sécheresse.
- Réduit progressivement l’emploi de pesticides et permet l’obtention de végétaux plus résistants aux maladies.
- Evite la pollution des nappes phréatiques induites par les pratiques conventionnelles, grâce à son azote assimilable sous forme lente.
D.B. : Sur quoi vos recherches ont porté depuis cette époque-là ? Il semblerait que vous ayez travaillé notamment sur la vigne ?
A. G. : Au total j’ai travaillé sur 5 produits :
- Fertilisant Bio Stimulant Organo Minéral Azoté Répulsif
- Vitalisant pour tous types de semences et plants de végétaux
- Protection contre des parasites du sol, tipules, fil rouge sur gazon, etc.
- Aliment pour animaux
- Minéral pour herbivores.
Ces cinq produits sont 100% naturels, universels, utilisable, en Agriculture conventionnelle et/ou Biologique. Ils agissent en symbiose, ils ont des effets différents et complémentaires dus à la sélection de composants spécifiques.
Dans un premier temps, l’objectif du projet est de développer le fertilisant puis le vitalisant semences, très complémentaires. (J’espère réussir à le faire fabriquer et commercialiser équitablement ainsi que le vitalisant semences).
Et donc je vous tends un autre exemple. Vous voyez, depuis quelque temps, depuis quelques années ou progressivement, je m’intéresse à la vigne. Parce qu’il y a une symbolique et il y a des problèmes assez importants au niveau de la vie.
Ma méthode pour fertiliser une terre affaiblie et déséquilibrée est valable pour toutes cultures.
En polyculture/élevage, cette régénération du sol est réalisée en trois temps :
- L’hiver et tous les deux ans, je procède à l’épandage d’un fumier composté sur les prairies. L’apport de 15 à 20 tonnes à l’hectare enrichit la terre et favorise un bon équilibre NPK naturel. Le fumier ne pouvant être épandu sur vignes, espaces verts sportifs.
- Au printemps, chaque année, j’épands un fertilisant bio-stimulant « maison » sur l’ensemble des terres.
- En été, après la récolte des céréales, je pratique le semis d’au moins 4 plantes antiparasitaires, dépolluantes et amélioratrices de la vie du sol.
Toutes les semences ou plants sont enrobées par le vitalisant semences.
Dans la viticulture, j’ai ressenti et observé que les différents cépages étaient atteints dans leur vitalité. Invariablement, je constate que la monoculture et les traitements conventionnels impactent la vie dans le sol. Ils défavorisent la biodisponibilité des éléments essentiels aux végétaux et, en particulier, pour la vigne. Ce processus s’accélère avec le temps et amène la terre à devenir de plus en plus carencée et compactée. Les racines ont alors tendance à s’entrelacer en forme de chignon, ce qui semble favoriser le développement de champignons parasites. Progressivement, la plante se montre plus sensible aux maladies, ce qui nécessite de nouveaux traitements.
On va développer le système racinaire, on va améliorer la structure du sol, on va amener une définition nécessairement du sol. L’objectif est de fournir rapidement à la vigne tout ce dont elle avait besoin pour pouvoir absorber les éléments nutritifs indispensables à sa résistance aux maladies et à la croissance racinaire et de ses baies. Dans le cas de ce sol particulièrement carencé, j’ai préconisé une intervention en trois phases :
1. Une fertilisation bio-stimulant-azoté-organo-minérale appliquée à la fois au niveau des racines et des feuilles,
2. Un décompactage différencié au niveau des racines et entre les rangs.
3. L’introduction, dans les intersrangs, de végétaux spécifiques « améliorateurs de la terre » et mellifères.
Pour les plants de vigne je préconise un pralinage (trempage) du pied dans un mélange d’eau et de vitalisant semences.
J’ai effectué des essais avec le fertilisant sur fraisiers dont le goût était supérieur au témoin. Idem, je pense qu’on pourrait éventuellement trouver une différence sur la vigne ?
Des essais en pépinières horticoles ont montré que mon fertilisant a fait disparaître le mouron. Cette plante indique la présence d’un excès d’azote ammoniacal, non assimilable par les végétaux. Agissant sur l’équilibre du sol, le mouron a disparu (témoignage de la responsable adjointe du service agronomique du groupe Yves Rocher). Ce qui indique qu’il est devenu assimilable par les végétaux, d’où réduction progressive de la pollution de l’eau, et par conséquent, de la prolifération des algues vertes.
Mon fertilisant stimule la vie du sol, améliore sa structure, son aération, sa perméabilité et sa résistance à la sécheresse. C’est un complexe à la fois organique et minéral. Son effet rééquilibrant des sols compactés et épuisés permet d’obtenir une terre meuble qui favorise l’installation et l’action des micro et macro organismes.
Dans ces conditions, les végétaux ont de nouveau la faculté d’étendre et de développer leurs racines. Ils fonctionnent pleinement en synergie avec la vie du sol et y puisent efficacement les éléments nutritifs essentiels. Ils sont également en mesure d’absorber et de transformer les éventuels produits chimiques polluants encore présents dans le sol.
Devenus résistants aux maladies, le besoin en eau de ces végétaux diminue. Les herbes indésirables bio-indicatrices disparaissent progressivement et le temps de travail s’en trouve réduit.
D. B. : Pouvez-vous décrire ce à quoi vous êtes arrivé en termes de brevet ?
A G. : En 1983, pour ma ferme, j’ai créé mon 1er fertilisant 100% naturel, organo-minéral-azoté, stimulant et antiparasitaire pour tous types de sol et végétaux. Ceci pour améliorer l’équilibre des sols de ma ferme où de très bons résultats étaient constatés. Ce qui a conforté mes convictions, les produits chimiques de synthèses n’étant pas indispensables.
En 2ooo je dépose un brevet où je l’ai expérimenté avec satisfactions sur : des terrains de football de Rennes Métropole, les espaces verts pour animaux de la Fondation de France (Zoo de Branféré-56), les plants forestiers de Pierre Louis Guenver spécialiste dans la recherche forestière à Poullaouen (29), les plantes médicinales et aromatiques d’Yves Rocher la Gacilly (56), les plants et légumes du Centre pilote européen de Sainte-Marthe (41), les plants des Pépinières Tuloup (35), l’espace vert de Sojasun (35)
En 2004, un industriel en fertilisant est venu chez moi désirant m’embaucher au service R&D de sa société pour mon savoir-faire et mon brevet. Nous avons réussi à conclure les négociations. Sur une revue de sa société, sortie en grand nombre, il a fait une publicité me concernant sur une page entière où est écrit : une nouvelle recrue riche de savoir-faire. Son brevet de fertilisant naturel fait avancer la société … Il travaille au développement, à l’expérimentation et à la mise au point de nouveaux produits. Il intervient aussi comme expert auprès des techniciens-commerciaux « dans toute la France ».
Résultat : mon fertilisant universel a été mis au placard et n’a jamais été fabriqué, il aurait pu remplacer, ou presque tous les produits de cette société. N’ayant pas le statut de cadre, passionné, je ne comptais pas mes heures et lors de déplacements pour expertises, j’effectuais ente 2 à 3000 km par semaine. Passionné par mon travail je n’ai jamais eu de reproche. Malgré cela on réduisait mes primes et me demandait toujours plus. Un après-midi un collègue m’a harcelé pendant 5h30, me disant que je savais des choses et devais les dire. Je n’ai rien lâché ! Quelques temps ensuite j’ai été convoqué par mon patron me disant qu’il n’avait plus de travail à me donner. Je suis resté au placard pendant 2 ans et demi sans téléphone et ordinateur afin de me faire partir de moi-même. Je balayais, vidais les poubelles, etc., pour m’occuper.
Je passe sur d’autres expériences. En collaboration avec des hommes de terrain motivés par mon savoir, afin de le pérenniser, nous envisageons de créer une structure. Nous avons pour but de continuer à favoriser et développer la mise au point de tous procédés techniques et intrants utilisables en productions végétales et/animales.
Dans un second temps, trouver un investisseur sensible et ouvert à mon savoir-faire, ceci afin de fabriquer et développer les produits complémentaires à nos prestations techniques pour nourrir, régénérer et dépolluer les sols. Un partenariat équitable est nécessaire entre les prestataires techniques, les expérimentions et l’investisseur.
Je ne suis n’étant pas chimiste, simplement praticien de la terre, autodidacte, passionné de rechecherche. D’après mes expériences du système productiviste, comparés à la remise en cause par des méthodes naturelles, les produits chimiques de synthèse ne sont pas nécessaires. Ils appauvrissent la vie du sol, sa structure, favorisent la résistance aux maladies, le développement des herbes indésirables, les pollutions … Le rendement est peut-être supérieur, mais la qualité est moindre, et cela en m’appuyant sur la comparaison des résultats par un ingénieur de la Chambre d’Agriculture 35 de mon élevage avec des élevages intensifs.

D. B. : Qui a repris maintenant la ferme et que devient-elle ?
A.G. : C’est un neveu qui a repris ma ferme en supplément de celle des ses parents, pour y produire sur les deux fermes des cochons en intensif.
Je ne veux pas finir sur cette note. Voici ma vision de la permaculture et de la ferme future autonome : sans intrants, nipolluants, ni lisier, ni ensilage. Après avoir terminé ce récit, d’ici peu de temps, je vous adresserai une copie afin d’avoir votre avis extérieur .
Ci-dessous une copie de l’introduction :
Introduction
Terre d’élevages et de cultures au cœur de la ferme
Toutes mes années d’expérience en intensif et paysannes m’ont appris comment une ferme doit être conçue dans sa globalité et selon 4 piliers qui me semblent fondamentaux :
L’organisation fermière : processus de production et de vente
Les terres : évaluation et mise en valeur
La production : choix, mode et outils
Les bâtiments : disposition et attribution
Avec pour objectif primordial que la ferme soit autonome et économe en ressources humaines et matérielles. Celle-ci doit pouvoir être à la fois :
Une source d’alimentation pour la famille
Une ressource financière
Une structure dirigée et gérée par une seule personne
Le projet de sa conception à sa réalisation
A chaque étape, les sujets de réflexions sont nombreux. Ils dépendent du choix de l’activité fermière, de l’objectif à terme et des connaissances à acquérir.
Conception
De par mon expérience, je me permets d’insister sur le fait que tout le travail de réflexion en amont est primordial. Celui-ci est essentiel à un démarrage méthodique et rapide de l’activité. A ce stade, j’aime apporter mon savoir-faire notamment en ce qui concerne :
- L’organisation complète de la ferme
- Le choix et la recherche de l’équipement nécessaires à son fonctionnement.
- La sélection des animaux en fonction de leur race et de leurs origines
- Le choix des cultures
Concrétisation par l’achat ou la location d’une ferme
Ensuite vient le moment de la recherche et du choix. Le potentiel d’une ferme se détecte dès le premier regard pour un œil avisé.
A l’étape suivante, celle de la concrétisation du projet, l’organisation fermière est réajustée en fonction de la réalité de :
- L’implantation de la ferme
- La disposition des bâtiments
- La répartition des terres
- L’ensemble des résultats concernant le diagnostique des sols